Prendre un bain à la bonne température, adopter le bon vêtement, faire le bon mouvement… Notre cerveau sait exactement ce qui est bon pour nous, assure la neurologue Régine Zekri-Hurstel. Elle nous apprend comment l’écouter pour mieux nous relaxer.

Sommaire

• Respirez vos souvenirs
• Enveloppez-vous de douceur
• Etirez-vous comme un chat
• Masser vos yeux
• Faites de l'eau votre alliée
• Droite ou gauche : laissez vous guider

Et si les clés de notre bien-être étaient en nous ? Ni dans les conseils standards abondamment dispensés par les marchands de bonheur, ni dans ce que nous estimons être juste ou raisonnable, mais dans les choix que fait notre cerveau et que nous ne savons pas toujours écouter ?

Tel est le postulat de Régine Zekri-Hurstel, docteur en neurologie. Sa spécialité ? La neurologie fonctionnelle. En clair, l’utilisation thérapeutique de nos circuits réflexes et neuronaux. « La science du cerveau n’a pas vocation à s’occuper seulement des cas graves et rares, mais aussi des mille et une difficultés de la vie de tous les jours », explique-t-elle. Préalable indispensable à ce qu’elle nomme le « neurobonheur » ? Se mettre à l’écoute de ses besoins profonds, suivre son instinct et se laisser guider par ses sens : « Notre cerveau sait ce qui est bon pour nous. Au niveau sensoriel, nous nous sommes construits d’une manière singulière depuis notre vie intra-utérine, nous sommes donc les seuls à savoir ce qui peut améliorer notre mieux-être. »
L’une des clés pour se relaxer se trouve dans notre capacité à respecter ou à provoquer le cycle « pression-décompression ». De même que le joggeur fait des étirements (décompression) après avoir soumis ses muscles à rude épreuve (pression), nous avons un besoin vital de nous détendre après avoir subi de multiples pressions tout au long de la journée. Travaux pratiques.

Respirez vos souvenirs

Dans la journée, il suffit d’un flacon d’huile essentielle ou une bougie parfumée, dont l’odeur vous rappelle une personne ou un lieu que vous aimez, pour quitter mentalement un endroit oppressant ou une situation stressante. De même, vous pouvez ritualiser le retour à la maison en utilisant tous les soirs un parfum que vous appréciez et que votre cerveau transformera aussitôt en équation. Par exemple, lavande égale maison, douceur, confort.

Enveloppez-vous de douceur

Le cerveau associe des matières, des formes et des couleurs à des endroits et à des états émotionnels. Une fois rentré chez vous, le choix du « vêtement-détente » est donc essentiel : c’est votre nouvelle peau. Laissez-vous guider par votre instinct. Prenez en compte son ampleur, sa texture, sa couleur. Peu importe si un pseudo-bon sens préconise des formes amples et des couleurs douces pour traîner à la maison. Si vous vous sentez bien dans une tenue près du corps et de couleur vive, écoutez-vous !

Quand vous l’enfilerez, votre cerveau passera aussitôt sur le mode détente. Même si quelques minutes seulement vous séparent du bureau, votre inconscient vous projettera dans un autre espace-temps.

Etirez-vous comme un chat

S’étirer correspond à un besoin profond de notre corps pour se libérer des tensions musculaires. Allongez-vous sur le dos (le cou et la colonne lombaires sont en extension, ce qui libère le bas du dos et le diaphragme), bras et jambes tendus à l’horizontale (la chaîne musculaire est étirée), la tête alternativement tournée à droite puis à gauche (ce qui permet de détendre les deux côtés du corps), la bouche ouverte (ouvrir la bouche libère la pression et permet d’étirer les chaînes musculaires de la colonne vertébrale, de la mâchoire à l’oreille) et bâillez même si vous n’en avez pas envie (le bâillement libère la pression de l’articulation entre les tempes, la mâchoire et le muscle temporal). Vous pouvez aussi étirer bras et jambes à la verticale.

Masser vos yeux

Masser les veines autour des yeux détend l’ensemble du visage.
Petite astuce : posez un masque froid sur vos yeux, puis massez du bout des doigts les veines périoculaires, vous augmenterez considérablement l’effet de relaxation. N’hésitez pas à masser ainsi le visage de vos enfants en fin de journée scolaire. Sinon, mastiquez énergiquement, cela détend la bouche, mais aussi les yeux et le front.

Faites de l'eau votre alliée

Il est important de répondre, par la douche ou par le bain, à notre besoin thermique vital. Ce besoin est inconscient, il correspond aux conditions de notre gestation et de notre naissance. Nous disposons de quatre options thermiques : chaud-brûlant, chaud, tiède ou froid. Laissez votre épiderme choisir pour vous. On vous conseille un bain tiède, meilleur pour la santé, alors que vous vous sentez littéralement revivre dans de l’eau brûlante ? Ecoutez-vous !

N’oubliez pas que vous seul savez ce qui est bon pour vous. Une fois la douche ou le bain achevés, prenez quelques minutes pour vous gratter les pieds ou le dos (vous pouvez vous faire aider). Ce mouvement sollicite des circuits nerveux agissant directement sur la détente.

Droite ou gauche : laissez vous guider

Connaître son "œil directeur neurologique" est essentiel pour bien se détendre. Notre corps bouge en fonction de la direction visuelle : vers la droite pour environ la moitié des individus ; vers la gauche pour l’autre moitié.

Si vous fonctionnez vers la droite, vous concentrez l’essentiel de vos activités de ce côté : vous vous appuyez vers la droite, vous mastiquez davantage à droite (huit fois sur dix), vous tournez plus facilement de gauche à droite que de droite à gauche. Votre œil neurologique directeur est donc le droit. Et inversement si vous fonctionnez du côté gauche. Pour bien relaxer son corps, il faut lui ménager des temps de repos du côté le plus sollicité. Deux exemples.

Endormez-vous du bon côté

Si, pour se détendre, il est conseillé de s’allonger sur le dos, mieux vaut, lors de l’endormissement, se tourner sur le côté. Mais pas n’importe lequel. Si votre œil neurologique est le droit, endormez-vous vers la gauche (œil gauche contre l’oreiller) pour soulager la pression qui s’est effectuée durant la journée vers la droite. Et vice-versa.

Téléphonez autrement

L’utilisation intensive du téléphone portable multiplie les pressions musculaires sur le côté du corps le plus sollicité tout au long de la journée. En téléphonant, on se crispe, on penche la tête sur le côté, bref, tout l’équilibre musculaire est déstabilisé, surtout lorsque l’on téléphone assis. Voici trois conseils pour rééquilibrer votre chaîne musculaire.
- Utilisez votre téléphone du côté de votre œil directeur, téléphoner de votre "mauvais" côté vous ferait faire des efforts inutiles sur le plan neurologique.
- Chaque fois que c’est possible, marchez pour compenser le déséquilibre : cela fait travailler l’autre côté du corps et répartit de manière plus juste l’effort musculaire.
- Enfin, lors des repas, mastiquez énergiquement. Le travail de mastication (pression-décompression des muscles) permet d’équilibrer les chaînes musculaires du visage et du cou qui se sont trop contractées lors de vos conversations téléphoniques.

Pour aller plus loin, un livre : Ces gestes simples qui guérissent de Régine Zekri-Hurstel (Albin Michel).

Sources : Psychologies