Cette sempiternelle recherche de l’âme-sœur. Cet éminentissime bonheur élevé au rang de divinité sans quoi la vie n’est rien. Mais alors, qu’en est-il du corps-frère?


Les philosophies orientales ont, durant des siècles, relégué le corps physique à un objet sans importance. Il fallait élever son esprit au-delà des restrictions de la matière. Les doctrines de l’ascétisme poussaient comme des champignons à chaque coin de pays. Chacune prônant un meilleur exemple, des exercices infaillibles pour se libérer de l’esclavage de l’enveloppe corporelle. Le corps étant une prison dont il convenait de s’échapper pour atteindre à la sérénité.

Se pensant plus fines, de son côté les philosophies occidentales inversaient les priorités. Elles mettraient l’accent uniquement sur la conquête de la matière, relayant aux oubliettes tout aspect de spiritualité. Plus les gens posséderaient de biens matériels, plus ils se sentiraient exister, importants aux regards des autres, une réussite sociale exemplaire, une vie accomplie.
 
Que d’éternités ont dû s’écouler avant notre rencontre!
 
Il m’aura fallu passer par un nombre incalculable d’expériences pour que je te (re) trouve enfin. Je me souviens de ce sentiment qui m’habitait, ma seule réalité d’alors, cette hâte à te rejoindre. Pas le moindre soupçon d’impatience dans cet infini horizon. Tout mon temps, qui n’était que présent, consistait à me préparer. Chaque instant de conscience me permettait de concrétiser cette fête qu’allait être notre accouplement. J’étais dans un monde onirique, plein d’espoir, heureux de ce que je choisissais pour évoluer. L’erreur n’existait pas. Je le savais. Ma décision de ne faire qu’un avec toi était d’avance et serait aussi, après, parfaite.



Les erreurs ne sont que pour ceux qui croient au bien et au mal. Les autres ne vivent que des expériences, neutres en tout. Le bien/mal n’étant que la polarisation d’un côté ou de l’autre selon des attentes, des désirs comblés ou non. Notre union serait parfaite, en ce sens que ce que nous vivrions c’est ce dont nous aurions besoin et ce que nous ne vivrions pas nous n’en aurions pas besoin. Beau programme. C’était sans compter la perte de mémoire qui s’en est suivie lorsque nous nous sommes accueillis mutuellement.
 
Traumatisme. Que s’est-il passé? Pendant notre préparation individuelle, je t’observais de haut, de loin, de l’intérieur. J’étais partout, autour, au-dedans de toi sans y être réellement. J’allais et venais, te rendant visite, admirant ta métamorphose, ton développement. Puis vint l’étape ultime. C’en était terminé. Nous étions prêts. Attirés, emportés, happés l’un par l’autre, je me suis investi en toi, pénétré toute ta chair, fait vibrer toutes tes cellules. Une grande respiration suivie de longs mois utérin nous aura finalement uni corps et âme. Une femme venait d’accoucher. Un être doté de conscience émergeait d’un sommeil sans sommeil.

Ce choc d’énergie subtile pénétrant la matière, la façonnant à son image et ressemblance aurait une conséquence dans notre vie; ne plus se souvenir d’avoir choisi de s’incarner ici-bas - ici-bas comparé à un quelconque là-haut - ça n’a aucune signification réelle. Les philosophies en vogue n’aideraient en rien à retrouver ce souvenir de n’avoir toujours été qu’Un et Tout. Se prosterner devant le matériel, nier son infinité ou se prosterner devant les idées vaseuses et nier la matière.


 
De belles formules spirituellement correctes, des âmes-sœurs, pour renforcir l’idée que chaque être ne peut être complet qu’en la présence d’une tierce personne dans sa vie. Insister sur la fidélité que représente l’icône de la réalisation de soi à travers le couple. Que la joie de vivre passe nécessairement par un seul et même miroir, l’autre, l’unique partenaire de vie, à vie. Cet autre ne représente encore qu’un côté de la médaille, celui extérieur à soi, la recherche du corps, de son corps, la confirmation d’une forme de possession, de propriété personnelle. Sans s’en douter le moindrement cela favorise l’ego-lution, renforce l’ego dans sa position de dominance de l’Être. Pour qu’il puisse maintenir son pouvoir, il doit obtenir notre assentiment.

La peur de la solitude, le besoin de se fuir dans l’autre,nous fait lui obéir aveuglément. Quelle valeur avons-nous aux yeux des personnes qui nous entourent si nous sommes des célibataires, vivons des poly-relations ou du multi-partenariat? Un modèle s’impose. Un modèle nous est imposé. La conformité à celui-ci nous permet d’acheter une paix relative. Le modèle ne répond pas aux besoins de toutes et tous. Avant d’en choisir un, des fois, regarder quelles peurs il masque aide grandement à les guérir.


 
Nous avons tous, en tant qu’être vivant, choisi de nous marier avec un corps, le nôtre. Ceux qui ont décidé de divorcer sont demeurés ou sont retournés dans le bas astral, ou ailleurs, en attente d’un retour. Bien que nos souvenirs puissent nous faire défaut à ce sujet, le corps que nous habitons est un choix personnel. Il n’a jamais été, n’est pas, et ne sera jamais obligé par qui ou quoi que ce soit. Chacun étant l’artisan de son œuvre, exactement ce qu’il lui faut comme véhicule pour le servir dans la connaissance de lui-même.

De toute manière, ce corps, avec sa peau, ses os, ses organes et tout le bazar, ne sera plus tel que nous le connaissons dans sa forme actuelle. Différent bientôt ou dans un siècle, notre devoir est d’en prendre soin. Une responsabilité qui appelle à le vénérer, non plus comme un objet à consommer ou à nier, mais comme un partenaire d’évolution, ni plus ni moins. Venir s’incarner dans un corps programmé à la douleur, à la vieillesse, à la mort, ce n’est pas une mince affaire. Je ne me suis pas incarné pour demeurer dans ce carcan illusoire.
 
Rééquilibrons le spirituellement correct par la présence du corps-frère.

De tous temps l’âme s’est unit au corps, à la matière. Collectivement, minéraux, végétaux, animaux. Individuellement, l’espèce humaine. Premier et seul vrai couple de toute humanité. Mais ça, nous l’avons oublié. Oublié qui nous étions, un couple formé de notre âme et de notre corps, jonction du pôle féminin et du pôle masculin. L’ego a été un gouvernant pour notre survie, la survie de l’espèce. Nous devions nous reproduire pour éviter la disparition, du moins l’entendait-il ainsi. Aujourd’hui cet ego vit ses derniers moments. Il nous repasse sa vieille cassette de peurs en ce qui concerne l’importance de s’accoupler pour le bien de la continuité de la civilisation.



Et nous, en bon mouton, nous perdons un temps fou à chercher à l’extérieur de nous-mêmes une personne répondant à ce besoin ancestral. Mal dans notre peau, avec une âme individualisée, encore sous la gouverne de l’ego, nous avançons à tâtons, cherchant l’appui d’un.e « amoureuse/eux », l’âme-sœur, ce présent inaccessible, cette quête du Graal hors portée. Le corps-frère, ce membre important du couple, ce laissé pour compte, cet acquis sans reconnaissance, cette matière déchue, croupi sous les larmoiements de cette poursuite insensée.
 
La vérité?  Nous sommes séparés de nous-mêmes. Notre âme est occultée. Notre corps est ausculté, idolâtré, châtié, torturé. Une vie d’aventures et de souffrances à rechercher à l’extérieur de soi la fusion, l’unité avec autrui. De couple en couple avec l’impression chaque fois que ce sera lui le bon et dernier couple, celui qui amènera enfin la joie totale tant ressentie comme un manque à combler depuis si longtemps. Et puis après 5, 15, 40 ans de vie commune, effondrement, et ça recommence. Nous prenons des baffes, laissons guérir les plaies, retrouvons notre entrain, notre énergie, reprenons de nouvelles baffes.



Ainsi va la vie, dit le sermon sur la montagne, tend la joue, épaisse. Le couple existe bel et bien. Il ne peut s’agir que de la relation intrinsèque, intime, fusionnelle entre l’âme et le corps, entre la matière et l’esprit. Promulguer un état au détriment de l’autre telle que l’ont fait les différentes philosophies ne fera que nous éloigner de nous-mêmes. Le jour où nous réussirons à accoupler consciemment l’âme et le corps en donnant la gouvernance à l’âme, plus aucun modèle de relation extérieure ne comptera, autre que celui dicté par l’âme, dans la joie, sans peur, sans attente, sans recherche.

Par-delà les considérations du genre et du sexe, les amants énergétiques, féminin/masculin, dont nous sommes constitués et constituants ne s’épanouiront qu’en vertu d’une relation réciproque équilibrée entre la sensation de l’infini, l’âme et la sensation du fini, la matière.    

Merci à Annie Tremblay, directrice Web, correction, images.

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Commentaire de Lovyves le 9 Juillet 2015 à 13:37

Bonjour à Tou(te)s
Pour moi, cet article ?
..
Anyvone, n'a, sans doute, pas lu, dans :
http://epanews.fr/profiles/blogs/la-sexualit-au-service-de-l-amour-...

Que je suis un adepte de Jésus :
Les prostituées nous devancent au royaume des cieux.

Ou peut être que Anyvone n'a pas fini sa phrase : Pour Lovyves, après tout les autres.

Commentaire de anyvone le 9 Juillet 2015 à 7:59
Commentaire de Lovyves le 7 Juillet 2015 à 13:12

"couple de joie".
!?
Oui, c'est plus "BCBG", chez les "BOBO", que : "filles de joie".
D'où l'intérêt d'être en couple.

Quant aux "garçons de joie", là, la loi ne l'autorise pas, il me semble.

Commentaire de colibri7 le 6 Juillet 2015 à 15:00

Et oui l'harmonie d'abord de la femme et de l'homme interieur en nous et puis la rencontre avec un partenaire qui sera lui aussi sur cette harmonie mais c'est une longue route et j'avoue avoir du mal merci!

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