On s’est tous demandé, dans les moments où la difficulté à supporter les souffrances du monde était trop dure, si finalement on n’aurait pas préféré être, comme le dit l’expression commune, « un imbécile heureux ».
En effet, la personne qui n’a pas conscience de tout ce qu’il se passe dans le monde et qui vit sa vie sans se soucier de ce qu’il se passe autour d’elle a une vie d’apparence « plus facile ». Avoir conscience des choses nous rend tout à coup responsables et cela nous touche. Une fois que l’on sait certaines choses, c’est notre vie toute entière qui peut être chamboulée, c’est même le sens de la vie tout entier qui peut changer.
Par exemple, une personne qui n’a aucune idée de tout ce qu’il se passe dans la chaîne alimentaire, derrière la production de son morceau de steak par exemple ou de toutes les souffrances et de la cruauté dans les élevages et les abattoirs, passera toute sa vie à manger normalement son morceau de viande sans jamais éprouver une quelconque souffrance ou inconfort.
A l’inverse, une personne qui a conscience de la réalité de l’industrie alimentaire, de tous les détails sur la production de viande et de produits animaux, de l’impact de chacune de ses actions sur le monde, de tout ce qu’il se passe dans tel pays, ou chez telle population, chez les femmes abusées, les enfants, etc… aura beaucoup plus de difficultés à mener une vie « simpliste » tournée uniquement sur sa propre personne et son propre confort.
Une fois que l’on sait, c’est notre vie toute entière qui change, plus rien n’a le même sens, et nos priorités basculent, la vie n’a plus le même goût. Cela peut sembler même vivre dans une dimension parallèle dans laquelle nous sommes soudainement propulsés, au fur et à mesure que notre conscience s’éveille. A chaque niveau de conscience supérieur, on passe dans une sorte « d’autre dimension », où toutes les choses appartenant aux niveaux précédents n’ont plus le même sens pour nous…
Alors Savoir ou ne pas savoir : Qu’est ce qui est le mieux ?
Parfois, je me suis demandée, vaut-il mieux savoir ou ne pas savoir ? Si savoir nous rend si triste, et si ne pas savoir semble nous préserver d’une telle colère et tristesse et nous conserver dans l’insouciance… ne serait-il pas mieux d’être ignorant et ainsi plus heureux ?
Mais à chaque fois j’en viens à la même conclusion : Je préfère savoir.
Pourquoi ? Parce que savoir nous permet d’agir.
Pour moi je crois qu’il n’y aurait rien de pire, que d’être sur mon lit de mort, et que je réalise toutes ces choses dont je n’avais pas conscience, et à quel point j’ai été égoïste, ou insouciante, alors qu’il se passait toutes ces choses autour de moi que je n’ai même pas vues ou que j’ai refusé de voir…
Je serai alors envahie d’un sentiment horrible de remords, de n’avoir rien fait, de ne pas avoir apporté ma pierre à l’édifice, de ne pas avoir utilisé ma vie pour contribuer à faire que ces choses puissent changer, d’avoir été aveugle.
Qu’y-a-t-il de pire que des regrets ? Qu’y-a-t-il de pire que de ne pas pouvoir revenir en arrière pour corriger les erreurs que nous avons fait ? C’est un peu comme ceux qui ne préfèrent pas faire d’examens pour ne pas savoir s’ils sont malades ou non… Moi je suis plutôt de ceux qui préfèrent savoir afin de pouvoir rectifier le tir à temps et agir.
Quand je pense à cela, je suis instantanément heureuse à nouveau de savoir tout ce que je sais, et encore plus avide d’en apprendre toujours plus. Je veux chaque jour me coucher en ayant appris une nouvelle chose et en étant meilleure. Encore une fois, savoir permet d’agir. L’inconscience n’apporte rien au monde, pire, c’est elle qui contribue à le détruire au quotidien…
La première chose importante est donc de ne jamais regretter de savoir. Par ailleurs, il y a toujours une raison à tout, et si vous savez, si vous êtes conscients de certaines choses, ce n’est pas un hasard. Premièrement cela montre votre niveau d’éveil (votre niveau de conscience générale du monde qui vous entoure, niveau d’éveil spirituel, maturité de votre âme), et deuxièmement cela est certainement un indicateur que vous êtes sensés apporter votre pierre à l’édifice, contribuer au changement et à l’évolution de ces choses, car seules les personnes en ayant conscience peuvent avoir envie et la capacité d’agir.
Le sentiment de révolte
Il y a une citation que j’aime énormément qui dit (Peu importe de quel domaine il s’agit) :
» Je me suis toujours demandé pourquoi personne ne faisait rien, jusqu’au jour où j’ai réalisé que j’étais une personne ».
Chaque fois que je me prends à m’indigner pour une chose, en me disant que c’est fou que personne ne fasse rien pour telle ou telle chose, ou que telle ou telle chose n’existe pas, je me rappelle que moi aussi je suis une personne et que cette personne peut être moi, ou que cette chose c’est moi qui peut la créer. Cette citation reste en permanence gravée en moi. Si Martin Luther King était resté chez lui en se disant « mais c’est dingue que personne ne se lève contre l’esclavagisme ! », ou si Gandhi s’était enfermé en ruminant chez lui « mais c’est fou que personne ne prône la paix et la compassion », au lieu de devenir lui-même ce qu’il voulait voir dans le monde, alors le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. C’est d’ailleurs lui qui a apporté cette magnifique citation qui est également en permanence gravée en moi : « Be the change you wish to see in the world ». Soyez le changement que vous voulez voir dans le Monde… quoi de plus puissant que cette phrase ?
Si chaque personne utilisait cette opportunité, qui est d’être témoin d’une souffrance dans le monde ou d’un problème dans le monde, pour tout à coup désirer d’être l’opposé le plus complet de cette chose, pour promouvoir son inverse, au lieu de se révolter contre cette chose dans la haine; rendez-vous compte de l’impact considérable que cela aurait ? Certes il est normal de s’indigner, envers la cruauté, envers la violence gratuite, envers la pauvreté, envers l’injustice, mais s’indigner sans agir ne changera jamais les choses. Seule l’action réelle peut engendrer un changement. Et seule l’action peut nous permettre de nous « soulager » un peu de cette souffrance, en ayant au moins contribué à ce qu’elle change.
Beaucoup d’enseignements spirituels nous parlent de « contraste ». Nous venons sur terre pour expérimenter le « contraste » : autrement dit ce que nous ne voulons pas, pour donner naissance à ce que nous voulons. Comment comprendre le bien si l’on n’est pas témoin du mal ? Comment vouloir faire le bien sans avoir à lutter contre le mal ? C’est uniquement en présence de contraste que l’humain peut donner naissance aux plus grandes des expansions.
Attention, c’est loin d’être facile… Egalement, bon nombre de personnes oublient ou ne pensent pas qu’elles ont le pouvoir d’agir et de faire changer les choses elles-aussi. Mais si nous pouvions voir l’impact de chacune de nos paroles et chacun de nos actes, par l’effet papillon, sur le monde, nous serions bouleversés… Un seul sourire peut sauver la vie de quelqu’un, une seule parole peut détruire celle d’un autre. Nul n’est parfait mais notre idéal devrait être à tous de causer le moins de souffrance possible autour de nous.
Gandhi était végétarien et ne souhaitait pas manger les animaux. Un jour il était tombé malade, et le médecin lui a ordonné de boire un bouillon de poule, lui disant que sinon il allait mourir. Gandhi a refusé, il disait qu’il préférait mourir que de manger un animal ou quelque chose qui ait été fait avec un animal. A la place, il s’est fait une préparation à base de plantes. Et il a guéri quelques temps plus tard. Grâce à lui, certaines villes en Inde sont 100% végétariennes (pas par pauvreté mais par réelle conviction), et les abattoirs sont interdits sur leur territoire. Toute personne tuant un animal est punie, quel qu’il soit. Ici nous adorons les chats mais nous massacrons les cochons, les vaches, et les poules par milliards chaque année. Chaque animal a son rôle, certains ont le bon rôle des câlins, d’autres le mauvais rôle du couteau dans la gorge. Gandhi ne faisait pas de différence lui. Et depuis beaucoup l’ont suivi et il continue d’inspirer même après sa mort. Il a été le changement qu’il voulait voir dans le Monde.
Il ne faut jamais sous estimer le pouvoir d’une seule personne (y compris le vôtre).
Rester fort face à la souffrance
Il est normal que parfois il y ait des jours où voir cette souffrance soit trop dur, que l’on ait envie d’abandonner. Certaines choses sont d’une cruauté tellement inconcevable que pour les personnes empathiques ou hypersensibles cela peut être un enfer rien que d’y penser et cela peut même ruiner leur quotidien et leur faire perdre le goût de vivre.
Je suis passée par plusieurs phases moi-mêmes et j’en suis venue à ces conclusions :
1) Accepter cette réalité (qui est certes inacceptable)
Quand je dis accepter la réalité cela ne veut pas dire en devenir insensible. Qu’on l’accèpte ou non, que l’on puisse le concevoir ou non, ces choses existent (le viol, le meurtre, la violence envers les hommes, les femmes, les enfants, les animaux, et toutes les choses les plus horribles qui existent sur cette planète). J’ai compris que m’indigner toute ma vie et ruiner ma propre vie parce que tout cela existe ne changerait absolument rien. Ce serait même du « gâchis » je dirai, car je n’aurais pas offert à l’humanité ce que j’aurais été capable d’offrir. Le monde évolue positivement mais pour l’instant ces choses existent toujours et c’est un fait. Il faut donc « accepter » que ces choses existent et ensuite passer aux étapes suivantes.
2) Rejeter le négatif
Etre malheureux nous paralyse et ne nous permet pas de faire des actions positives pour soi-même et pour le Monde, cela ne doit donc pas être une option. De plus, sachant que nous créons notre réalité à chaque instant en fonction de la vibration principale que nous émettons (positive ou négative), alors être malheureux ou négatif ne fera qu’engendrer d’autres évènements et personnes négatives dans notre vie, ce qui nous rendra encore plus malheureux ou négatifs, c’est la spirale infernale. Une fois au fond du gouffre, encore une fois, de quelle utilité suis-je pour le monde ?
3) L’importance d’être actif
J’ai également compris que la seule façon pour moi de me sentir « mieux » face à cette souffrance dans le Monde est d’être ACTIVE pour que les choses changent. Si je reste inactive alors ma tristesse augmente. Dès que je contribue à faire le bien et à aider, à avoir un impact positif sur le monde, cela me rend heureuse. Ressentir de la joie pour quelque chose est un indicateur très fort des directions que nous sommes sensés prendre dans notre vie. Pour nous guider, notre âme s’exprime par la « joie ». Pour savoir où votre âme veut vous emmener, « suivez votre joie » (la vraie joie du coeur, pas une joie superficielle). Mon coeur se remplit lorsque je parle de la cause animale par exemple, j’ai là donc l’indication que c’est ma voie, c’est ce que je suis sensée faire. Pour d’autres personnes cela sera de s’occuper de personnes malades, des femmes violées en Inde, des enfants battus, de l’environnement, des plantes, chacun doit écouter ce que son coeur lui dit et chacun peut avoir un impact considérable dans son domaine. Une personne ne peut régler tous les problème du monde, mais chacun dans son domaine peut changer le monde.
4) Se protéger
Par exemple, depuis 9 mois j’enquête sur l’industrie alimentaire et l’horreur des abattoirs et de l’élevage industriel. Je ressens profondément que je dois communiquer à ces sujets. De nature hypersensible et extrêmement empathique c’est très dur pour moi de regarder tous ces reportages et de voir toutes ces images infâmes. Mais je sais que je dois le faire car c’est justement parce que personne ne veut regarder que ces choses existent. Par contre, je vais me protéger des autres sujets sur lesquels je ne ressens pas que je dois ou que j’ai les capacités de communiquer (la pédophilie, les guerres, etc), je me protège volontairement de ces autres souffrances car sinon je ne pourrai pas moi-même avancer sur les choses que je peux effectivement changer ou impacter positivement. Cela ne veut pas dire d’ignorer leur souffrance. Mais il est tout simplement impossible pour une seule personne d’assumer toutes les souffrances du monde encore une fois, il faut choisir un ou plusieurs domaines d’actions et ensuite se préserver pour être assez fort pour pouvoir agir. Faites le tri dans les pages ou sites internet que je vous suivez et déterminez lesquels vous servent et lesquels vous desservent.
Dans l’avion, ne nous est-il pas conseillé de mettre en priorité notre propre masque à oxygène avant celui de notre enfant ?
C’est lorsque j’ai compris que je ne serai d’absolument aucune utilité ni à cette planète ni à ceux qui souffrent si je suis moi-même accablée et si je croule sous le désespoir, que j’ai décidé de toujours tout faire pour garder la tête haute, l’espoir et d’être non seulement ce fameux changement que j’aimerai voir dans le monde, mais également de l’encourager, par tous les moyens que je pourrai (mon blog, mon travail, ma personnalité, mes paroles, mes actes). Ma vie entière sera dédiée à encourager les valeurs en lesquelles je crois, et à défendre les causes qui me touchent. Parfois je me dis que je n’aurais jamais assez de toute ma vie pour faire tout ce que j’aimerai faire pour moi et pour le monde, mais je trouve cela positif au final, car cela me maintient sans cesse en position de création, et d’action.
« Comment fais-tu pour rester si positive et pour toujours avoir la force d’avancer ? »
Ma réponse est simple : Je me dis que si je ne fais pas ce que je suis capable de faire pour que ces choses qui me touchent ou m’indignent changent, personne ne va le faire à ma place : Il n’y a que moi et moi seule qui puisse accomplir ce que je suis sensée accomplir dans cette vie (de la même manière que moi, avec les mêmes mots et actes que moi, car nous sommes tous uniques). Ne pas agir serait donc priver certains êtres vivants d’une aide que j’aurais pu leur apporter, voire de vies sauvées. (Et c’est pareil pour vous).
Et pour finir, je me suis jurée que jamais la noirceur ne me ternirai. Je me suis jurée que plus je verrai de noirceur, plus je contrebalancerai par de la lumière. Chaque fois que je regarde des vidéos de maltraitance ou de souffrance j’emmagasine toute cette colère et je la transforme en énergie, et je la ressors en une lumière toujours plus forte. Toutes ces choses infâmes que je vois et toutes les mauvaises personnes que je rencontre me donnent le désir d’en devenir l’opposé le plus total. Au lieu de me ternir, elles m’embellissent et me renforcent, en me montrant tout ce que je ne voudrai jamais être.
Ainsi, la personne que je suis aujourd’hui n’est que le résultat de tout ce que j’ai vu depuis ma naissance, de positif et de négatif. Chaque fois que j’ai vu du positif je m’en suis inspirée, et chaque fois que j’ai vu du négatif j’en suis devenue son parfait contraire. Le bien comme le mal contribuent donc tous deux à me rendre meilleure et plus forte…
« La noirceur ne peut lutter contre la noirceur. Seule la lumière le peut. »
Pour finir, cette magnifique vidéo d’une femme extraordinaire, survivante de l’holocauste qui nous parle de l’importance de l’optimisme, de la gratitude, et que toute chose dans la vie est un cadeau.
« La haine ronge l’âme de celui qui haït, pas de celui qui est haït.
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