Parce que tout enfant mérite une vraie vie. Aussi courte soit-elle...
En quittant son job de sage-femme, Cori Salchert pensait en avoir terminé avec les bébés. Mais le destin en a décidé autrement. Depuis 2012, cette maman de neuf enfants accueille désormais des nourrissons gravement malades… et en fin de vie. Un dévouement inouï et éprouvant qui lui apporte aussi mille joies et beaucoup de bonheur. Voici son témoignage…
Depuis 2012, Cori Salchert, qui habite la ville de Sheboygan dans le Wisconsin (Etats-Unis), accueille des bébés atteints de maladie mortelle et qui n’ont aucune chance de guérir. La plupart du temps, leurs parents n’ont pas eu le courage d’affronter l’épreuve.
Alors, plutôt que de les laisser vivre une courte existence dans l’anonymat glacial d’un hôpital, Cori Salchert a décidé de leur offrir un foyer, une famille… et une vie, aussi courte soit-elle… Avec l’aide de son mari et de ses enfants, elle les accompagne jusqu’au bout, jusqu’au dernier instant…
Il y a quelques jours, elle a raconté son histoire au Sheboygan Press, le journal local. Son témoignage est très fort. C’est un exemple de courage et d’humanité. Le voici donc traduit en français :
« Alors que je suis assise à la table de salle à manger et que j’entends le vrombissement du ventilateur de Charlie, je sens que je devrais retourner au point de départ de cette passion pour les enfants.
Parce que, dans l’ensemble, si une part de notre histoire est triste (c’est certain), il ne faut pas pour autant occulter les 95% invisibles mais remplis de joie.
Quand Amie, ma sœur cadette, était un bébé, elle a contracté une méningite cérébro-spinale. De fortes fièvres causées par l’infection ont détruit une partie de ses fonctions cérébrales, la laissant ainsi handicapée physique et mentale. Elle est alors allée vivre dans un foyer pour enfants handicapés.Lorsque Amie avait onze ans, elle a ouvert une porte non verrouillée du foyer, est sortie, et s’est noyée dans un étang sur un terrain de golf à proximité. Elle est morte seule, sans personne à ses côtés pour lui expliquer pourquoi elle n’arrivait plus à respirer…
Tout au long de ma vie, je me suis posé cette question: « Où était Dieu quand ma sœur en avait le plus besoin ? »
Un jour, alors que j’étais déjà adulte, j’ai entendu une chanson qui disait ceci : « Cela n’ira peut-être jamais bien, cela ne sera jamais facile, mais tout ce qui est brisé et déposé devant le seigneur peut être réparé. »
Ces paroles ont changé mes prières. Au lieu de demander à Dieu encore et encore pourquoi les choses s’étaient mal passées, j’ai posé ma douleur et ma désillusion devant lui et j’ai dit: « Prenez-les et réparez-les. ». Et Il l’a fait. D’une façon très profonde.
Au cours de mes années de travail comme infirmière, je suis entrée en en contact avec presque tous les types de patients. Et ce que j’ai préféré, c’était travailler en soins palliatifs ainsi qu’avec les jeunes mamans et les nouveaux-nés.
Quand j’ai commencé à travailler davantage dans le domaine de la maternité, je pensais avoir laissé l’hospice derrière moi. Jusqu’à ce que je me rende compte que beaucoup de mamans repartaient de la maternité endolories et les bras vides après que leur enfant soit mort avant ou juste après leur naissance.
Ces mamans et ces familles, j’ai voulu les aider. Alors que de nombreux obstétriciens et infirmières refusent d’affronter la mort d’un bébé, j’ai voulu faire en sorte d’adoucir le traumatisme – pas en réparant ce qui était brisé – mais en leur parlant avec douceur plutôt que de me précipiter hors de la salle parce que leur douleur me mettait mal à l’aise.
J’ai donc fondé « l’Organisation de l’Espoir après une perte » à Sheyboygan. Il s’agit d’une organisation conçue pour offrir de l’espoir aux familles dont les bébés sont décédés.
Puis, il y a environ cinq ans, j’ai eu des problèmes de santé. Je luttais contre plusieurs maladies auto-immunes qui ont nécessité plusieurs interventions chirurgicales pour réparer les dommages causés à mes organes digestifs. Je souffrais, alitée, incapable de travailler et, de nouveau je me suis trouvé en criant à Dieu : « Eh bien, comment allez-vous racheter ça cette fois-ci ? »
En Août 2012, nous avons reçu un appel me demandant si nous serions prêts à accueillir une petite fille qui était sans nom et qui n’avait personne pour prendre soin d’elle.
Le pronostic du bébé était sombre. Comme elle était née avec un hémisphère cérébral en moins, les médecins ont dit qu’il n’y avait pas d’espoir pour elle. On m’a dit qu’elle était dans un état végétatif, qu’elle ne pouvait ni voir ni entendre et qu’elle était juste capable de répondre à des stimuli douloureux.
Compte tenu de tous ces renseignements, dans la foulée, nous avons décidé de ramener Emmalynn à la maison : nous avons eu le privilège de lui choisir un nom et d’être sa famille.Elle aurait pu mourir à l’hôpital, enveloppée dans une couverture et mise de côté avec une pompe d’alimentation. Mais nous avons apporté ce beau bébé dans notre foyer pour qu’elle y vive. Ce qu’elle a fait.
En 50 jours, Emmalynn a vécu plus de choses que pas mal de monde en toute une vie. Elle n’avait pas de famille et, soudainement, elle devenait la petite dernière d’une famille de 9 enfants. Nous la portions en permanence et l’emmenions partout avec nous.
Et puis il y eut ce soir soir où je compris qu’Emmalynn commençait à se porter moins bien. Toute la famille était à la maison et a insisté pour la tenir et l’embrasser. Mon mari se tenait à proximité et chantait pour elle. Progressivement, chacun est allé se coucher mais, avec ma fille, Charity, je suis restée éveillée à ses côtés.
J’ai blotti Emmalynn dans un peignoir chaud, la tenant sur ma poitrine en chantant « Jesus Loves Me ». Et puis, à un moment donné, j’ai réalisé que je n’avais plus entendu sa respiration depuis plusieurs minutes. Je me suis penché pour la regarder, et j’ai compris que cette belle créature avait quitté ce monde en entendant les battements de mon cœur. Elle n’a pas souffert et elle n’était pas seule.
Les premiers instants ont été très durs. Mais, peu à peu, nous avons mesuré la chance que nous avions eu de la connaître dans cette vie (…). Emmalynn a marqué nos vies et, alors que nous étions en deuil, nous avons finalement commencé à guérir et à envisager d’accueillir un autre bébé.
En Octobre 2014, nous avons accueilli un nourrisson de quatre mois : Charlie. Même si’l n’est pas encore dans sa phase terminale, le diagnostic de Charlie est considéré comme sans espoir. Les enfants atteints de ce type de lésions cérébrales meurent généralement vers deux ans.
Charlie, lui, était déjà sous assistance et il a du être réanimé au moins dix fois dans l’année écoulée. Il a maintenant un plan de soins alternatifs : à la prochaine crise, il a été décidé que nous le laisserions partir.
Je sens mon propre souffle dans ma poitrine dès que je repense à toutes ces fois où nous avons ressuscité ce petit gars. Je ne peux pas supporter l’idée de sa suffocation. Mais savoir qu’on doit le faire respirer par une petite paille fait partie de la réalité pour Charlie … Pour moi, c’est difficile.
Comme dans le cas d’Emmalynn, nous faisons tout notre possible pour aimer Charlie et nous lui faisons vivre des aventures partout où nous pouvons l’emmener. Nous avons même installé un lit assez grand pour l’accueillir avec nous et le cajoler alors qu’il est attaché à des tubes et à des machines qui le gardent en vie.
Pendant des années, je voulais prendre soin des bébés qui avaient un pronostic mortel comme Charlie ou qui étaient en phase terminale comme Emmalynn. Faire partie de la vie de ces bébés, partager leur souffrance, les chérir et les aimer est un cadeau. Même s’ils ne sont évidemment pas capables de nous offrir quoi que ce soit en retour.
Nous nous investissons profondément et chaque décès nous fait terriblement souffrir. Mais nos cœurs sont comme des vitraux. Ces fenêtres sont constituées de verre qui a été brisé puis réparé… et chaque fois, elles sont encore plus fortes et plus belles que les autres. »
Voilà une très jolie vision de la vie doublée d’une superbe force de caractère. Le témoignage de Cori Salchert est tout simplement bouleversant. Pourvu qu’il nous inspire !
Commentaire perso. : Chapeau bas.
Source :
http://positivr.fr/bebes-phase-terminale-accueil-cori-salchert/
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