Bibliothérapie : les romans qui aident face à la dépression

Dans des cas de dépression grave, il est très peu probable que la bibliothérapie suffise. Mais la fiction peut constituer un complément d’une prise en charge médicale. Que vous ayez besoin d’un roman pour vous sortir de votre déprime, ou d’un livre qui vous accompagnera dans ses méandres, les oeuvres littéraires pourront vous toucher comme peu de traitements sont capables de le faire.

Voici trois romans aidants face à la dépression et dix autres pour vous remonter le moral, extraits de Remèdes littéraires. Se soigner par les livres (JC Lattès, 2015).

Sommaire


La dépression peut revêtir diverses formes, allant des plus bénignes aux plus graves. À l’échelon le plus bas, sur lequel la plupart d’entre nous posons le pied de temps en temps, se trouvent ces jours ou périodes où rien ne semble marcher droit, où l’on a l’impression de n’avoir aucun ami, où l’on voit tout en noir. Dans ces moments, nous avons besoin d’un roman qui modifiera notre perception du monde, en nous rappelant que le soleil peut y briller, et qu’on peut aussi y rire.

Mais tout en haut de l’échelle, les patients se sentent enveloppés par un lourd nuage noir descendu sur eux sans crier gare, sans raison particulière, et duquel ils ne voient pas comment s’extraire. Il s’agit de la dépression « clinique », forme sévère de maladie mentale, difficile à traiter et souvent récurrente. Si vous avez la malchance d’être sujet à ce type de dépression, il est peu probable qu’une lecture légère et allègre modifie votre humeur et vous remonte le moral. Un tel roman pourrait bien aggraver votre situation – vous culpabiliserez de ne rien pouvoir prendre à la légère et serez irrité par tout ce qui vous paraîtra naïvement optimiste – et vous vous détesterez encore davantage.

Cela paraîtra paradoxal de prime abord, mais en de tels moments un roman qui nomme les choses par leur nom – avec des personnages qui se sentent aussi déprimés que vous, ou qui portent sur le monde un regard d’un pessimisme absolu – a plus de chances de faire mouche, de vous encourager à être plus amène avec vous-même ; un roman qui peut vous accompagner dans votre sombre voyage au pays de la mélancolie, qui vous permettra de reconnaître et de comprendre le mal dont vous souffrez – et de prendre conscience que vous n’êtes pas, après tout, si différent des autres, ou si affreusement seul.

Les tourments mentaux et les cauchemars qui affligent Tereza dans L’Insoutenable Légèreté de l’être de Milan Kundera pourraient à cet égard vous être d’un certain secours. L’angoisse de Tereza est provoquée par l’infidélité invétérée de son amant, Tomas. Après l’échec de son mariage, et sa séparation d’avec son fils, Tomas a décidé de mener la vie d’un célibataire adepte de l’amour libre. Mais dès le départ, Tereza est décrite comme une femme plombée par la vie – par sa tristesse face à la légèreté de Tomas et de sa maîtresse Sabina. Car Kundera divise les gens en deux camps : ceux qui D 161 comprennent que la vie n’a pas de sens et de ce fait ne font qu’effleurer sa surface, vivant dans et pour l’instant présent ; et ceux qui ne peuvent supporter l’idée que l’existence soit dépourvue de signification et tiennent à accorder une importance à toute chose.

Quand Tereza rencontre Tomas, elle sait qu’elle n’a d’autre choix que de l’aimer à tout jamais ; et quand elle réapparaît à Prague pour le revoir, avec sa valise, elle apporte aussi avec elle un exemplaire d’Anna Karénine, roman qui résume peut-être mieux que tout autre les souffrances qui se font jour quand plus rien n’a de sens. Malgré l’amour qu’il éprouve pour elle, Tomas sait qu’elle sera une présence encombrante dans sa vie. Quand elle est poussée au bord de la folie par le refus de Tomas de cesser de voir d’autres femmes, Tereza s’en veut d’être assez faible pour vouloir qu’il change. Quand elle est au plus bas, elle tente l’overdose. Chaque fois que vous atteindrez de telles profondeurs, que vous aurez l’impression que personne ne pourra vous tendre une main secourable, relisez ce roman et acceptez la compagnie de Tereza au « pays de la mélancolie ». Elle aussi veut vivre et surmonter sa tristesse, et elle trouve le moyen d’y parvenir à la fin.

Un nombre disproportionné d’écrivains souffrent de dépression. Certains estiment que les personnes créatives y sont plus vulnérables, d’autres qu’écrire sur sa propre maladie a un effet cathartique. Le romancier américain Richard Yates passait des heures à contempler un mur, le regard vide, dans un état de dépression catatonique. Ernest Hemingway connut lui aussi des épisodes dépressifs de plus en plus fréquents, et était un grand buveur. Il perdit à la fin son combat contre la dépression, comme Virginia Woolf et Sylvia Plath, mais non sans avoir laissé derrière lui – tout comme elles – le cadeau inestimable de son expérience. Ces cadeaux – des romans sur ce qu’est la maladie psychique – sont là pour que nous en fassions usage, pour que nous trouvions un soulagement que ces écrivains n’ont pas su trouver.

Sylvia Plath souffrait d’un trouble bipolaire, et dans son magnifique roman autobiographique, La Cloche de détresse, elle décrit à travers sa jeune héroïne Esther Greenwood les invraisemblables variations de son humeur, qui la faisaient passer en un rien de temps d’un état de bonheur fulgurant (ses « poumons se dilataient » quand elle prenait conscience de sa joie d’être vivante) à un état de prostration qui la coupait de toute émotion – « muette et figée comme un bébé sans vie ». La voix d’Esther est d’un grand réconfort pour les dépressifs : ce qui rend ce roman si lisible est la légèreté de la prose de Sylvia Plath, et le fait que même dans les passages les plus bouleversants du livre l’humanité et l’enthousiasme juvénile d’Esther irradient. Souvenez-vous-en quand vous penserez que vous ne pourrez plus jamais redevenir « normal », sans même parler de connaître de nouveau le bonheur. Les autres savent discerner votre potentiel de légèreté, même – surtout – quand vous pensez en être incapable.

Apprendre à percevoir votre dépression comme quelque chose d’extérieur à vous – tel un gros chien noir malodorant – peut sembler bizarre, mais cela peut être aussi une façon utile de prendre du recul par rapport à votre maladie. Le premier et audacieux roman de Rebecca Hunt, Une humeur de chien, vous conduira à travers ce processus. Mr Chartwell est la manifestation du « chien noir » de Winston Churchill – la dépression qui a hanté l’auguste dirigeant politique pendant la plus grande partie de sa vie –, qui s’installe avec celle qui fut un temps sa secrétaire, Esther Hammerhans.

Visible seulement de ses victimes, Black Pat (comme le chien est également nommé) arrive le jour du deuxième anniversaire du suicide du mari d’Esther, répondant soi-disant à son annonce dans laquelle elle déclarait chercher un locataire. Il prend bientôt ses aises dans la maison, rongeant des os devant la porte de sa chambre à coucher, quand il ne tente pas de la rejoindre dans son lit. Black Pat a peut-être des manières révoltantes, mais, comme seules les personnes souffrant de dépression le reconnaîtront, il a un charme particulier auquel il est difficile de résister. Esther, ainsi, l’accueille avec un mélange de désespoir et de fascination.

Elle n’est pas la première de ses victimes. Il a déjà rendu visite à Churchill et, surtout, Esther soupçonne qu’il a déjà vécu chez elle, sans qu’elle ait remarqué sa présence. Quand elle commence à mieux comprendre la maladie de son mari, sa relation avec le molosse va progressivement toucher son terme. Vous voulez savoir si elle parvient à vaincre sa dépression ? Lisez le roman !

Quand Esther et son vieux maître se rendent compte qu’ils peuvent voir tous les deux le chien, mais ont peur d’en parler – le tabou entourant cette maladie psychique étant si fort –, la délicatesse avec laquelle l’homme d’État circonvient peu à peu la présence malodorante du molosse noir et les encouragements passionnés qu’il prodigue à Esther, à qui il enjoint de « tenir bon », sont aussi touchants et rassurants pour la jeune femme que pour le lecteur.

Les dix meilleurs romans pour vous remonter le moral

Les Braban, Patrick Besson

Vieux garçon, Bernard Chapuis

Autour du monde avec Tante Mame, Patrick Dennis

Beignets de tomates vertes, Fannie Flagg

Les Vieilles, Pascale Gautier

Haute fidélité, Nick Hornby

La Fée carabine, Daniel Pennac

Le Retour de l’auteur, Vincent Ravalec

La Dernière Conquête du major Pettigrew, Helen Simonson

Le Château de Cassandra, Dodie Smith

Pour aller plus loin : 

. les romans à lire en cas de rupture amoureuse Psychologies

. et l'ouvrage de Brigitte Detambel  Les livres prennent soin de vous

Sources : Psychologies

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