Expression Française :
Tous les saints n’ont pas la même réputation, ni le même culte, Saint Glinglin est un amuseur, forgé de toutes pièces par la fantaisie de la langue. Son histoire généralement admise est la suivante : il existait un vieux mot sein qui désignait les cloches – dérivé du latin signum, signe, signal (parce que les cloches émettent un signe là – lequel a donné également le seing, signature, resté dans le blanc-seing, signature sur page blanche, et sous seing privé, signature effectuée entre soi, sans qu’un officier public soit présent.
Lorsque la dame de Yônec (lai de Marie de France) s’en revient du château prodigieux où elle a laissé son ami mourant, les cloches (des seins) lui apprennent qu’il est mort :
N’ot pas demie liwe erré
Quand ele oi les seins suner
E de doeil el chastel mener
Por lu seignur ki se mureit (Vers 1180)
Lorsque, aussi le sénéchal descend au fond de la cuve tout le monde se réjouit !
Li clerc en ont mout Deu loé
En lor chanz et en seins soner.
C’est ce sein qui constitue la racine de tocsin (toque-sein). Il est devenu « saint » pour les besoin de la cause, par un de ces jeux de mots dont les anciens se régalaient. Il n’est pas surprenant du reste qu’il se soit effacé au profit de « cloche », probablement vers la fin du XIIIè siècle, tant les « seins » et les « sains » abondaient dans l’ancienne langue.
A côté du saint du paradis on compte le sien, coche, le seing, signature, sain, de la bonne santé, deux autres disparus : un sain qui désignait un lien, une « ceinture » le sain, graisse, qui a donné le saindoux, sans oublier le sien, mamelle, qui désigné d’abord le « giron » puis vers le XIIIè le sein de la femme que jusque-là on appelait le pis – c’est le sens propre du mot.
Le calembour était donc facile, et grande la tentation, puisque ce sien était à l’église, d’en faire un « saint », distingué par « gling-glin » qui est à la fois une onomatopée come tic tac, et le dérivé d’un verbe « glinguer », sonner.
En somme, c’était le saint qui fait glin-glin… Or, autrefois les gens repéraient les dates, et même les saisons, no par le jour des mois du calendrier, mais la fête des saints. Du premier de l’an à l a Saint Sylvestre ils réglaient leurs travaux, leurs repos, leurs foires et marchés, le payement de leurs dettes et toutes leurs transactions, selon Saint Blaise, Saint Valentin, Saint Georges, Saint Médar pour la pluie, Saint Fiacre, la Sainte Croix, jour des grandes foires à la fin de l’été, Saint André, Sainte Luce, et j’en passe énormément. On n’aurait pas donné un rendez-vous le 24 juin, mais pour la Saint Jean.
Il était donc naturel que le saint fictif entrât dans la danse, et qu’on parle d’une date si éloignée qu’elle en devient incertaine, comme étant la « Saint Glinglin ». On pouvait toujours attendre.
Extrait du blog de Francesca : La Puce à l’Oreille de Claude Dunetton
http://francescax8.unblog.fr/category/expression-francaise/ ;
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