10h hier matin, un jeune homme dort dans sa chambre sur rue./E.C

10 h 30 hier matin, Cédric gigote un peu dans son sac de couchage. Plan rapproché : une blondeur en bataille, des yeux bleus en amande où pétille une enfance encore là. Sourire un peu chiffonné d'un grand ado qui peine à quitter son lit.

On enlève le zoom : y'a pas de lit, ni de toit. Juste un oreiller, bleu, un tas de duvets et de couvertures, un sac à dos, des poches, une boîte en plastique avec des pièces dedans, un vélo blanc. Plus une boîte de pâté pour chien et un chien sage.

Panoramique : Cédric, 23 ans, s'étire, couché sur le trottoir devant la vitrine d'Eurodif. En plein centre-ville. Les gens passent, regardent la vitrine, puis le jeune homme, puis la vitrine à nouveau. Y'a des soldes. Ils contournent ou s'arrêtent. Laissent une pièce ou pas. En silence.

Vous trouvez ça normal ? « Je ne me pose plus la question, ça ne sert à rien. J'ai l'habitude » commente Cédric en buvant le café chaud que lui a porté une dame. « Cela fait un mois que je dors là. Les gens du magasin ne disent rien, ils sont gentils. Il y a même une dame qui m'aide, elle me donne à manger, et des sous. C'est au jour le jour. »

Tout seul ? « Je suis du « chnord ». Je me balade, tout seul, pas de famille. J'étais dans un foyer mais c'était pas pour moi. Je suis parti, j'avais 13 ans, j'ai été dans la rue… Tout seul, avec mon chien, je préfère. Je vais rester là cet hiver. J'ai mon vélo pour mettre mes affaires, après je fais ma manche. C'est au jour le jour »

Travailler ? « Je veux bien. Si j'étais au Rmi j'aurais un logement mais là je peux rien faire. Il faudrait que j'achète une tente, j'ai repéré un coin tranquille. J'aurais un toit. Ce serait déjà un début ».

Contact : Cédric, place du Vigan, trottoir d'Eurodif à Albi.