« Un jour, le directeur commercial d'une très grande entreprise est venu me voir afin de se débarrasser du stress lié à sa fonction. Il tremblait debout », se remémore Philippe-Georges Dabon, médecin généraliste diplômé en ostéopathie. Afin de remédier à ce qui est parfois présenté comme le ''mal du siècle'', Philippe-Georges Dabon vient de publier un livre aux éditions Dervy, intitulé ''Le tabou du stress au travail''. « Dans l'entreprise, ce mal touche tout le monde, mais pas de la même façon. En bas de la hiérarchie, il est ressenti de manière insupportable par les salariés car ils ont le sentiment de le subir. À l'inverse, les dirigeants ont accepté cette tension comme corollaire à leur activité. Mais ces derniers se retrouvent rapidement prisonniers de leurs responsabilités et, par extension, de cette tension permanente. »
Paradoxe financier. L'usage du terme tabou est assumé. « Le sujet reste difficile à aborder car le stress est perçu comme un signe de productivité. Il est encore trop souvent associé à la rentabilité de l'entreprise », déplore le médecin. « Ce qui est absurde puisque les maladies professionnelles engendrées se traduisent, au final, en impôts et en taxes diverses qui pèsent sur les résultats financiers... » Un point de vue partagé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui rappelle sobrement que le stress nuit à l’efficacité de l’entreprise. Pour sa part, l'économiste français Jacques Sapir estimait récemment, sur une grande chaine d'information télévisée, que le stress au travail représente en France entre 1,5 et 2 points de PIB par an, soit plus de 40 milliards de dollars (1 point de PIB vaut actuellement environ 27 milliards de dollars).
Addiction au stress. Reste que les mentalités peinent à se réformer. Pis, une forme d'addiction s'installe. « Parce qu'il libère de l'adrénaline dans le cerveau, le stress conditionne l'individu à rechercher à nouveau cette sensation », note l'auteur de l'ouvrage. « Résultat, des années plus tard, un cancer se développe sur ce terrain propice. » Selon le praticien, le changement serait pourtant à la portée de n'importe qui. Fruit de son travail dans des séminaires de groupe, de ses connaissances en ostéopathie et de son expérience personnelle, Philippe-Georges Dabon propose dans son ouvrage une méthode qui se veut universelle. Surnommée ''Le réflexe d'Aristote'', en hommage au ''philosophe de Stagire'' plébiscité presque sans discontinuer de l'Antiquité grecque jusqu'à nos jours, la méthode se base sur une faculté humaine aujourd'hui délaissée, selon l'auteur : l'imagination.
Méthode pas à pas. « Généralement, le stress se matérialise dans l'organisme sous la forme de ''manifestations fonctionnelles''. Par exemple, une sensation ou une douleur », reprend Philippe-Georges Dabon. L'objectif de l'ouvrage est d'apprendre aux lecteurs à s'en débarrasser. Mais des contre-indications existent. « Cette méthode doit être utilisée uniquement pour soulager des désordres physiologiques et jamais dans le cas de maladies graves, comme par exemple le cancer qui pourrait s'en retrouver aggravé. Alors prudence ! », souligne le médecin généraliste. Cette méthode requiert donc un avis médical.
Quatre étapes. Concrètement, le principe réside dans un processus en 4 temps. « La première étape, c'est donc de se concentrer sur la sensation ressentie. Celle-ci peut-être difficile à déterminer au départ, mais il est presque toujours possible de l'associer à quelque chose de connue. Par exemple un étirement, un tiraillement ou encore une pression. » Dans le jargon de l’ostéopathie, il s'agit d'isoler le ''mouvement primaire'' de la sensation. Le praticien assure que dans 8 cas sur 10 cette étape est aisée à réaliser.
« Seconde étape, une fois la douleur ciblée, faire entrer en jeu l'imagination. En pratique, il s'agit d'imaginer que la sensation varie afin de manipuler la sensation liée au stress », précise le docteur Dabon. « L'idée c'est, par exemple, de se convaincre que cela appuie un peu plus, ou tire un peu moins... » Une fois ce stade atteint, reste à imaginer que l'on peut déplacer la douleur. « À gauche, puis à droite et ainsi de suite. » Selon le praticien, le seul fait de rechercher à atteindre un tel état suffirait à lui donner, de manière empirique, une réalité concrète. Le procédé, qui semble à première vue un peu magique, vise à donner au pratiquant un contrôle total sur ce qu'il ressent.
Troisième étape, une fois que la liaison avec son corps est établie, il faut entretenir et renforcer le contrôle. L'idéal, selon l'auteur, serait de suivre un rythme dans le déplacement de la douleur. Une fois à gauche, deux fois droite, trois fois en haut, puis une fois à gauche à nouveau... « Une douleur est une concentration d'énergie. Par le mental vous entrez dans cette énergie. Par le rythme vous pouvez la soulager », assure Philippe-Georges Dabon.
Enfin, la dernière étape consiste à imaginer que la sensation s'amplifie, puis qu'elle s'étale doucement sur une zone du corps avant de se disperser. « Normalement, au bout d'un maximum de 10 tentatives, la douleur s'estompe », souligne le docteur Dabon. « Pour un soulagement durable, il faut réaliser cette exercice régulièrement ». Selon lui, le procédé est aussi un moyen de mieux se connaître. De quoi, peut-être, servir à détecter et prévenir d'autres troubles.
Guillaume Pierre
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