.
Chant de moi-même (extrait) - Whitman Walt

Je me célèbre moi,
Et mes vérités sont quelques unes de tes vérités,
Car tout atome qui m’appartient t’appartient aussi à toi.

Je paresse et invite mon âme,
Je me penche et paresse à mon aise . . . .
tout à la contemplation d’un brin d’herbe d’été.

Maisons et pièces regorgent de mille parfums . . . .
les étagères débordent de parfums,
J’en respire moi-même l’arôme, je le connais et je l’aime,
Cette quintessence pourrait m’enivrer à mon tour, mais je saurai lui résister.

L’air n’est pas un parfum . . .
il n’a pas goût de cette quintessence . . . .
il est inodore,
Il s’offre éternellement à ma bouche . . . .
j’en suis épris,
Je veux aller sur le talus près du bois,
j’ôterai mon déguisement et me mettrai nu,
Je brûle de sentir son contact.

La buée de mon propre souffle,
Échos, clapotis et murmures feutrés . . . .
racine d’amour, fil de soie, fourche et vigne,
Mon expiration et mon inspiration. . . . .
les battements de mon cœur . . . .
le passage du sang et de l’air dans mes poumons,
L’odeur des feuilles vertes et des feuilles sèches,
du rivage et des rochers sombres de la mer, du foin dans la grange,
Le son des mots éructés par ma voix . . . .
mots livrés aux tourbillons du vent,
Des baisers à la dérobade . . . . quelques étreintes . . . .
des bras qui enlacent,
Le jeu de la lumière et de l’ombre sur les arbres aux branches souples qui ondulent.

Traduction Éric Athenot de l’édition de 1855 éditions José Corti

Liu Yunsheng - China Watercolour

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Commentaire de rocco paolo le 26 octobre 2015 à 16:23

OUI..les sons..vibrations de guérison..un souffle qui inspire la vie et expire la mort ..le corps comme un arbre s'ancre dans les pieds. les bras comme les branches vous enlacent et les feuilles brillent de milles couleurs d'automne pour le plaisir des yeux .et alors le coeur s'enflamme d'amour au contact de la magie de la nature

Commentaire de Magdala le 26 octobre 2015 à 10:52

Whalt Whitman ou l’indicible amour

Whitman s’abandonne à eux, comme il s’abandonne à la terre et à la mer, et à tous les plaisirs que ceux-ci lui peuvent procurer. Il les appelle de son indicible amour passionné. Mais autant que les douceurs du ciel, il ignore rien non plus des plaisirs de l’enfer qui l’accompagnent ; et de même peut-il se proclamer poète de la femme autant que de l’homme, homme et femme se tiennent à hauteur égale, sans distinction de petitesse ou de grandeur. Même l’herbe peut pousser sans limite à divers endroits de la terre, aussi bien chez les Noirs que chez les Blancs, car voici que le plus simple des végétaux, qui sait, est peut-être aussi une enfant, la toute dernière-née de la végétation. Aussi proche il est de ces hommes et de ces femmes dans leur quotidien de joie et de tristesse, et de même qu’il peut se retrouver dans le tumulte des rues, avec tous et parmi tous, Whitman peut tout aussi bien se retrouver en solitaire au fond de la forêt.

De tout ce qui l’entoure, de tous les événements qui se tissent, se trament et se passent, de ses relations avec les uns et les autres, de ce que la vie peut lui réserver de plaisirs et de déplaisirs, le poète s’interroge de tout cela, comme tant d’autres assaillis d’interminables questions, mais cependant, cela ce n’est pas moi, le Moi réel. Celui que je suis est toujours à l’écart de la mêlée (…) Je suis un témoin impassible. Le poète croit en son âme, mais son autre Moi ne doit pas s’humilier devant elle, pas plus que son âme ne doit s’abaisser devant cet autre Je du poète, ce dernier qui, d’ailleurs, ne sait non plus ce que peut signifier se mettre en prière. Pour quelle vénération ? Car ce qu’il voit chez les uns et chez les autres, c’est lui-même qu’il voit, et tout ce qu’il pourrait juger des uns et des autres, il porterait le même jugement sur lui-même. Whitman se tient bien debout, et ça il ne le sait que trop ; de la même manière qu’il se sait immortel, se moquant bien de notre conviction que la mort serait bel et bien réelle :

« Mortaises et tenons, mon pied fait socle dans le granit, Je me moque de ce que vous nommez dissolution

Car je connais l’amplitude du temps ».

À travers moi maintes voix longtemps muettes,
Voix des interminables générations d’esclaves,
Voix des prostituées et des mal formés,
Voix des malades, des désespérés, des nains
Voix des cycles de préparation et d’accroissement,
Et des fils qui relient les étoiles - des matrices et de la semence des pères,
Et des droits de ceux qu’on accable,
Et des falots, ternes, sots et méprisés,
Du brouillard qui flotte dans l’air et des scarabées qui poussent leur boule de fumier.
À travers moi voix proscrites,
Voix des sexes et de leurs désirs…
Voix voilées, dont j’écarte le voile,
Voix indécentes par moi clarifiées et transfigurées.
Je ne mets pas mon doigt sur mes lèvres,
Je prête un aussi grand soin aux boyaux qu’à la tête et au cœur,
Le coït ne m’est en rien plus vil que la mort.
Je crois à la chair et à ses appétits,

Voir entendre et toucher sont miracles, et miracle est la moindre parcelle de moi.

Traduction Éric Athenot de l’édition de 1855 éditions José Corti

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