Le cycle du temps
Dans l’écoulement du temps, au sein de la nature, le cercle devient un cycle. Il y a le cycle de la vie de chaque individu, qui va de la naissance à la mort et à la renaissance, en passant par l’enfance, la maturité et la vieillesse. Il y a celui de la répétition inlassable des saisons et celui de l’arbre, par exemple, qui naît, grandit, produit des feuilles, puis les redonne au sol qui, nourrit à nouveau ses racines, qui elles-mêmes font remonter à l’intérieur de l’arbre la sève et tout ce qui sera nécessaire à l’apparition de nouvelles feuilles. Et que dire du cycle des générations qui se renouvellent avec l’inéluctable succession des mortalités et des naissances. Les premières étant inséparablement liées à l’apparition des secondes. Partout dans la nature, le cycle de la mort et de la renaissance est présent.
La voie spirituelle amérindienne insiste, comme d’ailleurs l’ensemble des grandes traditions spirituelles, sur la circularité du temps, témoignant à sa manière propre de l’éternité divine. Il y a un « esprit » du temps : celui-ci affirme qu’il y a une dimension invisible de la roue de la vie, c’est-à-dire une ouverture intérieure du temps sur le Divin. Dire que l’action de cet « esprit » est circulaire, c’est affirmer que son jeu cosmique et divin se manifeste dans le retour éternel des choses. C’est aussi soutenir que son activité universelle favorise l’emboîtement du passé, du présent et de l’avenir : ainsi par exemple, le dialogue avec les Ancêtres, la préoccupation des vivants et le souci des générations futures y sont très solidairement entremêlés. Tel semble être « l’esprit » du temps amérindien.
La cosmogonie, c’est-à-dire la naissance de l’univers, a été la manifestation divine suprême. Au commencement, l’univers s’affirmait dans la plénitude de son être ; et c’est cette densité d’être originelle que cherche d’ailleurs à rétablir toute cérémonie sacrée, par son appel à une renaissance intérieure et à une responsabilité cosmique. Les cérémonies rituelles sont elles-mêmes cycliques, puisqu’elle sont liées à ces cycles de la vie. Elles rappellent et actualisent toutes, chacune avec sa coloration particulière, le temps fort et pur de la création du monde par le Grand Esprit. La liturgie amérindienne est véritablement, comme les autres grandes liturgies, circulaires et cycliques. Et comme les cercles de l’espace, les cycles du temps s’y imbriquent aussi les uns dans les autres. Et de même que l’espace n’est pas homogène, le temps n’y est pas davantage linéaire.
L’Héritage Spirituel Amérindien Jacques Languirand - Jean Proulx
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Intéressant, merci.
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