Le seigneur des anneaux est une très profonde et très fine analyse du monde des hommes. En réalité, c'est une œuvre alchimique.
L'univers de Tolkien est alchimique. Il est philologue, universitaire. Il a une connaissance pointue des traditions populaires qui sont mêlées à l'alchimie. En plus, sa spécificité est qu'il parle du petit peuple. Il parle des personnages féériques présents surtout dans les pays du Nord. Il a utilisé aussi des vieilles langues. L'elfique en tant que langue n'existe pas mais l'écriture, les runes existaient vraiment. Il s'est appuyé sur du solide pour co-créer avec son imaginaire une quête avec un anneau forgé qui sort de cette forge pour y revenir. On part d'une énergie indifférenciée et on l'a fractionné entre les hommes, les nains et les elfes et le but du jeu est de rassembler tout ce qui dispercé pour retrouver cette unité. Là, ça se fait dans la douleur : il n'est de rassemblement possible QUE contre un ennemi commun. La quête finalement est de dire même quand cet ennemi commun aura disparu, le fractionnement devra disparaître avec. Il a utilisé bien des symboles alchimiques comme le mithril par exemple. C'est un métal qui a des propriétés étonnantes.
L'oeuvre alchimique met au centre le conflit, la dialectique et le paradoxe qui tant sur le champ de bataille ou dans les choix des divers personnages (Arwen entre la divine et elfique éternité ou l'humaine mortalité et fragilité ; Aragorn entre le fait d'être sur le trône ou pas ; Frodon entre poursuivre sa quête ou pas, le conflit entre l'elfe et le nain, Faramir et Boromir, ...). Il y a une dualité omniprésente. L'anneau de puissance ou de Sauron symbolise le Mal , car il est le pouvoir et la facilité. Il est la souffrance car en même temps, il détourne l'âme de sa fin ultime. Ceux qui ont abandonné" l'âme héroïque", pour échapper aux souffrances , souffrent encore plus et sont bien seuls dans leur solitude. Il est bien question de l'interiorité "sanctifiante". Une autre tentative de conjonction est dans cette métaphore : réunifier l'équilibre entre le royaume des cieux(le surnaturel par la présence de la magie) et de la royauté (pouvoir temporel idéal chevaleresque). L'oeuvre dispose de l'arsenal complet des archétypes traditionnels : Un sorcier, un roi, un guerrier , un homme "simple", sauvage d extraction de la nature: le" hobbit"). Ce conte n'est pas unilatéral : les hommes comme les femmes y contribuent, l'un n'est pas contre l'autre : le rôle clé aussi du féminin , qui a plusieurs reprises influence le destin même de l'œuvre (je pense à la mort du Roi Sorcier qui ne peut être tué que par une femme guerrière, la princesse d'Edoras). L'histoire montre aussi des princesses sauvages et guerrières, dans la nature et la magie et non des princesses enfermées dans leur tour dans l'attente de leur prince charmant qui ne vient jamais (exception : Shreck!) Tolkien lance cette injonction: ne pas éviter les souffrances , rester un guerrier dans la compassion des communautés et des idéaux,sans les vertus et intégrer, laisser agir l'ensemble et la multitude des archétypes. Chacun contribue de par son caractère même infantile (Merry, Pippin) même dément (Boromir) même paranoïaque, dépendant à mort (Gollum) même dépressif et désespéré (l'intendant du roi du Gondor, père de Boromir même Faramir) même manipulateur (le père d'Arwen qui sait sans lui dire que sa destinée chez les hommes lui donnera le bonheur d'avoir un fils. Il ne lui dit pas pour qu'elle aille vers les terres immortelles. C'est sa volonté) à poser des actes héroïques. Sans ces actes, sans ces acteurs, l'homme dégénère. Le seul homme qui échappe a cette contrainte est le saint (le détaché). Si les hommes n'étaient que des contemplatifs, la dure loi de l'héroïsme ne serait pas nécessaire
Commentaires bienvenus
D | L | M | M | J | V | S |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 2 | |||||
3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 |
10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 |
17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 |
24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
Pour ajouter un commentaire, vous devez être membre de ‘R-éveil’.