Comment faire pour ne pas se laisser envahir par notre ego ?

Toute tentative de régner est égotique. Avancer sur le chemin de l'humilité est une tâche ardue car cela suppose une vigilance de tous les instants. Grande est la tentation de se mettre en avant pour exister aux yeux des autres.

Vous avez avant tout la tâche de vous sentir exister en vous-même et de ne pas oublier que vous êtes une poussière minuscule faisant partie de l'univers. Ramener les éléments dans leur juste proportion est juste. S'élever est possible à condition d'effacer de votre esprit la volonté d'agir sur autrui. De nombreuses forces sont constamment présentes pour vous tirer vers le bas. Vous pouvez les ressentir quand vous vous laissez rattraper par des émotions telles que l'envie, le dédain, la colère, ou le mépris.

Point n'est besoin d'allumer le feu qui dévore votre énergie de vie, ce flux qui vous permet d'élargir votre champ de conscience. Restez juste dans la pensée d'ouverture et dans l'attitude d'accueil de l'autre qui est devant vous.

Point n'est besoin de convaincre l'autre. Il est simplement possible d'avancer à plusieurs sur un chemin de Recherche de l'unité si les vibrations communes peuvent s'accorder et s'exprimer de concert. Le dialogue ne peut s'établir que lorsque écoute de chacun il y a. Personne ne détient un savoir unique. Sachez vous remettre en question et n'oubliez pas que les certitudes brûlent votre flux énergétique. Un être pétri de certitude est un être qui a éteint sa flamme. Il ne peut plus communiquer puisqu'il prétend détenir le savoir unique.

Un travail en commun nécessite de pouvoir s'en remettre à l'énergie commune faite de l'association des différentes vibrations individuelles. Votre capacité à vous ouvrir toujours plus proviendra de votre travail de chacun qui s'ajoutera ensuite au travail des autres.

 

de Valérie C.

 

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Evrard

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Les trois portes de la sagesse


Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l'envoya auprès d'un Vieux Sage.

- Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie, demanda le Prince.

- Mes paroles s'évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d'entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t'en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t'en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi.

Le Vieux Sage disparut et le Prince s'engagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire :

"CHANGE LE MONDE"

"C'était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d'autres ne me conviennent pas." Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l'ivresse du conquérant, mais pas l'apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d'autres lui résistèrent. Bien des années passèrent.

Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande :

- Qu'as-tu appris sur le chemin ?

- J'ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m'échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas.

- C'est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise.

Et il disparut. Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire:

"CHANGE LES AUTRES"

"C'était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d'amertume et de frustration." Et il s'insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent.

Un jour, alors qu'il méditait sur l'utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :

- Qu'as-tu appris sur le chemin ?

- J'ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n'en sont que le révélateur ou l'occasion. C'est en moi que prennent racine toutes ces choses.

- Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu'ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t'enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir.

Et le Vieil Homme disparut. Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots :

"CHANGE-TOI TOI-MEME"

"Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c'est bien ce qui me reste à faire," se dit-il. Et il entama son 3ème combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal. Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :

- Qu'as-tu appris sur le chemin ?

- J'ai appris, répondit le Prince, qu'il y a en nous des choses qu'on peut améliorer, d'autres qui nous résistent et qu'on n'arrive pas à briser.

- C'est bien, dit le Sage.

- Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de ma battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J'ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise.

- C'est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d'aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru.

Et il disparut.

Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la 3ème porte et s'aperçut qu'elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait :

"ACCEPTE-TOI TOI-MEME."

Le Prince s'étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu'il avait franchi la porte la première fois, dans l'autre sens. "Quand on combat on devient aveugle, se dit-il." Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu'il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s'aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer. Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda :

- Qu'as-tu appris sur le chemin ?

- J'ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c'est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J'ai appris à m'accepter moi-même, totalement, inconditionnellement.

- C'est bien, dit le Vieil Homme, c'est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la 3ème porte.

A peine arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut:

"ACCEPTE LES AUTRES"

Tout autour de lui il reconnut les personnes qu'il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu'il avait aimées comme celles qu'il avait détestées. Celles qu'il avait soutenues et celles qu'il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l'avait tellement gêné et contre quoi il s'était battu.

Il rencontra à nouveau le Vieux Sage :

- "Qu'as-tu appris sur le chemin ? demanda ce dernier.

- J'ai appris, répondit le Prince, qu'en étant en accord avec moi-même, je n'avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d'eux. J'ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement.

- C'est bien, dit le Vieux Sage. C'est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.

Arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut :

"ACCEPTE LE MONDE"

"Curieux, se dit-il, que je n'aie pas vu cette inscription la première fois." Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu'il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l'éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C'était pourtant le même monde qu'autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard ? Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :

"- Qu'as-tu appris sur le chemin ?

- J'ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n'est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c'est tout. Ce n'était pas le monde qui me troublait, mais l'idée que je m'en faisais. J'ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement.

- C'est la 3ème Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde."

Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l'habita.

- Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence.

Et le Vieil Homme disparut.

Texte de Charles Brulhart

Bonjour à vous tous qui avez alimenté cette discussion il y a bien longtemps déjà. 

Cette question de l'égo est finalement sans fin, qui a besoin de quoi et à quelle fin ? Pour ma part tel que je le comprends, l'égo fait partie des paradoxes donnés à l'humanité afin qu'elle résolve l'histoire de son évolution. A y regarder de plus, les paradoxes jonchent notre route et nous enseignent. Ils ont toujours un côté double, à l'image des portes qui traversées dans un sens ont un message alors que traversées dans l'autre sens elles délivrent un message inverse, en apparence seulement. Car il faut bien faire le tour des choses par l'extérieur avant que de s'apercevoir qu'elles existent aussi en intérieur.

L'égo muni de ses cinq sens est un moyen habile pour prendre contact avec l'environnement. Mais qui prend conscience de quoi ? L'esprit prend-il conscience de la matière ? La matière prend-elle conscience de l'esprit ? Ne serait-ce pas plus simplement un aller-retour incessant entre esprit et matière afin que chacun prenne conscience de l'autre ? Cela me semble plus juste et aller dans le sens du conte proposé par Christophe. Il n'y a rien à rejeter, rien à changer. L'égo est l'outil parfait pour prendre conscience de la matière. Certains maîtres appellent ceci "spiritualiser la matière". Et nous voyons bien dans notre quotidien comment pour animer la matière il est nécessaire de s'y frotter, d'y revenir à plusieurs reprises. Ne serait-ce que le simple fait de mettre en mots ce que nous pensons est un exercice plus complexe qu'il n'y paraît. 

Il me semble qu'il existe une friction nécessaire et productrice de vie entre le monde de l'esprit et celui de la matière. L'égo est le médiateur permettant l'enrichissement des deux polarités. Alors se laisser envahir par l'égo ; pourquoi pas finalement ? Pourvu que je me tienne à l'écart des illusions dont il aime bien se nourrir soit en terme d'émotions, soit en terme de sentiments, je ne vois pas de difficultés à le laisser exercer sa présence. Bien sûr tout ceci est le travail de toute une vie, ne pas se laisser emporter par ses illusions, ses espoirs, ses attentes, ses désirs et toute la kyrielle de mots qui va dans ce sens. Mais il semblerait que l'humanité ne dispose pour l'heure d'autre moyen que celui de faire l'expérience des choses, encore et encore. Je ne sais à quoi ça sert, mais je sais pourtant que chaque fois qu'un paradoxe est levé cela libère quelque chose en moi. Quelque chose qui redonne du sens. Quelque chose qui me permet de reprendre la direction. 

Peut-être ne sommes nous en tant qu'humanité qu'un moyen de quelque chose qui est plus grand. En attendant, pour le peu que je comprends de ma vie, elle me semble déjà suffisamment ample et vaste pour parfois m'y perdre et cette vitalité me rend joyeux. 

Bien à vous           Didier

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