J’étudie l’évolution alimentaire mondiale depuis bientôt 50 ans. D’abord pour des raisons professionnelles, études d’agronomie et de biologie agricole et par la suite, après la mort de ma femme, décédée d’un cancer de l’estomac à l’âge de 36 ans ; à travers une approche médicale diététique et finalement macrobiotique. C’est d’ailleurs à cette époque -1969- que, …révolté par les dangers de l’alimentation issue de l’agro-alimentaire industriel, que je commençais à percevoir dans l’agriculture productiviste – et le mutisme total du corps médical à ce sujet - je suis devenu un fervent partisan de la révolution biologique lancée par G.Ohsawa dans les années 60.
Depuis cette époque héroïque des pionniers de la culture biologique et de la préservation de la nature, bien de l’eau polluée a coulé sous les ponts. Le vert a perdu son statut de couleur, pour devenir en Europe celui des partis politiques écologiques. L’alimentation biologique est devenue un enjeu économique, visant 10% de part du marché. La macrobiotique est connue de tout un chacun, en bien ou en mal, dans la plupart des pays de la planète. De nombreux scientifiques s’intéressent aux pollutions exponentielles de la société moderne industrielle et sonnent l’alarme, preuves à l’appui, sur les conséquences dramatiques (réchauffement climatique, hausse du niveau des océans, pollution de l’air, etc.) prévisibles à court terme. Alors, tout va pour le mieux, pourrait-on croire, maintenant que le monde entier est au courant de la situation inquiétante où se trouve l’humanité. Les principaux dirigeants politiques devraient rapidement prendre les mesures adéquates pour stoper la dégradation de notre environnement vital.
Eh bien…détrompez-vous, tout n’est que poudre aux yeux et désinformation. Les lobbies des multinationales – pétroliers, pharmaceutiques, de la chimie et de l’agro-alimentaire – mènent la danse et poursuivent en toute quiétude, leur expansion et leur mainmise sur les ressources naturelles de la planète. Au stade actuel, rien, absolument rien de peut véritablement modifier la formidable expansion du modèle économique capitaliste, basé sur le profit et la loi du plus fort. Tout est cadenassé, particulièrement en ce qui concerne la filière alimentaire. De plus, pour couronner le tout, de nouveaux prédateurs encore plus dangereux sont venus se rajouter à la liste : ceux qui brevettent le vivant pour le vendre, les marchands grainiers, et les bio-généticiens.
Il n’est plus nécessaire de revenir sur la multitude d’additifs chimiques qui polluent toute l’alimentation industrielle. Faut-il encore rappeler dans quelles conditions abominables sont élevés les animaux, dans les usines à produire de la protéine animale vivante. Pour faire complet, n’oublions pas les radiations ionisantes que subissent les végétaux pour les conserver indéfiniment et supprimer chez eux toute velléité de se reproduire naturellement. Si on ne s’en tient qu’au secteur alimentaire, la situation s’aggrave de jour en jour, au fur et à mesure des nouvelles avancées de la science et des biotechnologies. (OGM)
Dans ces conditions, c’est encore miraculeux qu’un certain nombre d’êtres humains parviennent encore à vivre normalement, sans développer de maladie chronique mortelle. Rassurez-vous cela ne va pas durer encore bien longtemps, tout au plus une génération (30 ans) avant que les 3/4 de la population mondiale ne disparaissent.
Lorsque j’ai commencé la macrobiotique, nous pouvions encore trouver de la nourriture acceptable dans les magasins et sur les marchés, heureusement d’ailleurs, car à cette époque la production de produits bio était quasi inexistante et il n’existait que 5 magasins « bio-macro » en tout et pour tout, entre la France, la Belgique et la Suisse.
40 ans ont passé, des rayons entiers d’aliments biologiques s’offrent au chaland, dans toutes les grandes surfaces, mais la majorité des petites épiceries macrobiotiques ont disparu, avalées par l’ogre du profit à tout prix. Les produits spécifiques à la macrobiotique peuvent être achetés sur internet, encore faut-il avoir un ordinateur. Paradoxe, un plus grand choix, une plus grande diffusion ont rendu le ravitaillement plus compliqué, surtout si on se soucie de la qualité.
Dispersée dans une multitude de sites, la recherche de produits de qualité bio ou pas, est devenue un vrai parcours du combattant et demande des qualifications et des connaissances spéciales en agriculture, en biochimie et en génétique.
Devant de telles complications, nous serions tentés de baisser les bras, d’aller au magasin le plus proche, tendre le bras, remplir son caddy et passer à la caisse, en se disant que finalement ces produits sont contrôlés, et ne peuvent pas vraiment nous faire du mal.
Erreur, grave erreur, grâce aux techniques sophistiquées mises en place dans l’agro-alimentaire pour produire toujours plus à moindre prix, les produits les plus courants indispensables au maintien de la vie humaine sont devenus le premier facteur de mortalité. ( obésité, cancer, maladies cardiaques, diabètes… etc. etc. )
Donc, se procurer des produits de qualité malgré toutes ces difficultés est devenu non seulement nécessaire, mais vital. Alors… bio pas bio – complet ou raffiné – régional ou importé – équitable ou esclavage – pas de sucre ou sucre complet – sel blanc ou sel gris… À ces nombreuses questions, une seule et unique réponse d’après mon expérience présente :
Ne jamais cuisiner et consommer des aliments que vous n’avez pas préparés vous-même et dont vous ne connaissez pas la provenance. N’achetez aucun aliment ayant subi une ou plusieurs préparations/dégradations industrielles, même certifiés bio.
Nous voilà revenus aux sources de la macrobiotique et de la nature ; céréales – légumes – algues – légumineuses – fruits. Le reste dépend uniquement du savoir-faire du cuisinier ou de la cuisinière.
- Dans la situation présente de confusion et d’interrogation, il n’y a pas d’autre moyen, pour se maintenir en bonne santé ou pour la retrouver si vous l’avez perdue.
- Il n’y a pas d’autre approche si vous voulez avoir une vie heureuse et pleine d’aventure.
- Il n’y a pas d’autre voie plus efficace pour enfin commencer à entrevoir la lumière dans une vie sombre et désespérée.
La macrobiotique existe depuis au moins 3000 ans (voir mon dernier livre « Histoire de la macrobiotique - de Platon à Ohsawa » ). Sa pratique a de tout temps été un exercice périlleux, combattue par toutes les autorités en place, l’église, l’état, et même maintenant par la science et le corps médical. Comme vous le voyez, rien n’a vraiment changé, malgré la démocratie et la liberté de penser, la macrobiotique fait toujours peur… aux autres.
Mais pourquoi un tel acharnement, une telle incompréhension pour un mode de vie naturel si simple et économique, qui préserve la santé physique et mentale des hommes tout en préservant leur environnement écologique.
L’Art de Vivre Macrobiotique donne trop de liberté à l’individu en lui permettant de décider de sa propre Vie : maladie - santé - malheur - bonheur - longévité - sérénité - mortalité – sont en réalité des choix personnels qui nous ont été dérobés pour mieux nous manipuler.
Dans les temps anciens, seules la numérologie et l’astrologie, puis, l’église, c'est-à-dire Dieu ont pu décider de la longévité de la vie humaine sur terre, on peut comprendre que la macrobiotique qui donnait les recettes de cette liberté à l’individu fut tellement combattue. Actuellement ce sont les corporations médicales qui ont pris le relais, qui interdisent toute intrusion dans leur pré-carré. Vous imaginez une population qui ne serait plus malade, qui ne consommerait plus de médicaments et qui ne payerait plus de prime d’assurance abusive…! Big Brother ne le permettra jamais, mais tout change, avec le temps yang devient yin et yin devient yang, alors qui sait…!
Mais pour ceux qui sont pressés et qui veulent vraiment s’en sortir, l’assiette standard ou le No.7 ne sont pas suffisants. L’art de vivre macrobiotique, comme tout système complet, comprend 3 aspects ou 3 approches différentes, qui ne peuvent pas être dissociés.
Cette trinité s’exprime ainsi :
- Spirituel – La reconnaissance des lois de l’Ordre de l’Univers.
- Métaphysique – La dialectique universelle énergétique.
- Physique – Biologique, physiologique, matérialiste
- Malheureusement, dans la majorité des cas, la macrobiotique se résume à un régime alimentaire correspondant à une pathologie ou à un dérèglement organique(point 3°). C’est ainsi qu’elle est connue du grand public et c’est ainsi qu’elle est vendue, parfois fort cher.
Si vous êtes malade, malheureux et désespéré, vous devez avant toutes choses en rechercher la cause dans votre propre vie. Si vous pouvez admettre que vous avez violé certaines lois universelles ,( ce n’est pas moi qui vous dirai lesquelles) et que vous êtes donc responsable de vos maladies et de votre propre malheur ; vous avez fait le pas le plus important vers la guérison définitive.
– Ça c’est pour le point 1°.
Vous pouvez acheter, préparer et consommer les meilleurs produits du monde, selon les recommandations macrobiotiques, si vous n’êtes pas capable de discerner la différence énergétique entre yin et yang et de l’appliquer – dans votre alimentation journalière – dans vos comportements et pour diagnostiquer les maladies – vos efforts, votre abnégation et même parfois vos frustrations seront stériles ou peu efficaces - Voilà pour le point 2°.
Quant au point 3°: il est connu de tous, en tout cas en ce qui concerne les aliments, les régimes et les maladies : poids – forme – couleur – goût – composition chimique – zone climatique – environnement – mode de production – conservation – mise en œuvre – recettes de cuisine – cuisson – organes malades - dérèglement pathologique – maladies – soins externes – No.7 – régime non-non…etc.
Nous pouvons en conclure que l’Art de Vivre Macrobiotique depuis Platon jusqu’à Ohsawa est avant tout, une application spirituelle, à un mode de vie pratique, et comme Ohsawa l'a écrit :
« Le but de la macrobiotique est de guérir la maladie de l'âme, ce que la guérison physique ne peut pas faire. C'est seulement après un travail sur l'âme que nous sommes capables d'absorber les aliments justes. C'est l'âme qui guérit la maladie. Ce n'est pas la macrobiotique qui guérit, mais la compréhension de la philosophie dialectique. Ce n'est pas le riz ou le gomasio qui guérit, mais votre esprit qui vous donne la volonté. Ensuite la guérison arrive en quelques jours ».
Gérard Wenker novembre 2004