Une étude génétique menée sur 39 squelettes anciens suggère l'existence d'un bouleversement migratoire inconnu, survenu en Europe il y a 4800 ans. Cette découverte, effectuée par une équipe internationale regroupant notamment des chercheurs de l'Université d'Adélaïde (Australie) et de l'Université de Mainz (Allemagne), a été publié le 23 avril 2013 dans la revue Nature Communications.
Pour comprendre la portée de ce résultat, il faut d'abord savoir que les scientifiques considéraient jusqu'ici que l'ADN des Européens modernes était issu de deux événements migratoires majeurs : d'une part, un peuplement par les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, débutant il y a environ 35 000 ans et s'étalant sur 15 000 à 20 000 ans, et d'autre part une migration d'agriculteurs issus du Proche-Orient, entamée il y a 7500 ans environ.
Or, l'analyse de l'ADN mitochondrial réalisée par les auteurs de cette nouvelle étude sur ces 39 ossements humains, découverts il y a plusieurs années en Allemagne et en Italie, bouleverse complètement ce scénario (pour mémoire, l'ADN mitochondrial se transmet de la mère aux enfants de façon quasiment inchangée, ce qui permet de reconstituer l'ascendance maternelle de nos ancêtres). Et pour cause, puisque l'étude de ces ossements a révélé qu'un autre événement migratoire inconnu jusqu'ici, survenu il y a 4800 ans, avait considérablement influé sur l'ADN des Européens modernes. Une influence qui serait même encore plus forte que l'impact génétique provoqué par l'arrivée des agriculteurs du Proche-Orient il y a 7500 ans, dont les généticiens pensaient pourtant jusqu'ici qu'elle avait été déterminante dans la constitution de l'ADN des Européens d'aujourd'hui !
Qui sont ces mystérieux migrants arrivés en Europe il y a 4800 ans ? Selon les auteurs de l'étude, il pourrait notamment s'agir des populations associées à la culture dite campaniforme (l'objet caractéristique de la culture campaniforme est un gobelet en céramique en forme de cloche, fréquemment retrouvé dans les sépultures), dont on sait qu'elles sont arrivées en Europe par la péninsule ibérique il y a 4000 à 5000 ans, pour s'implanter par la suite dans plusieurs bassins géographiques de l'Europe de l'Ouest. Ces populations sont notamment liées à l'expansion des langues celtiques le long de la côte atlantique, jusqu'en Grande-Bretagne.
Quant aux raisons permettant d'expliquer la brutalité du basculement génétique observé par les auteurs de l'étude lors de l'analyse génétique de ces 39 ossements, elles demeurent pour l'instant obscures. Mais gageons que cette découverte va inciter les scientifiques à se pencher de façon encore plus assidue sur cette période de l'histoire de l'Humanité, afin d'en extraire quelques premiers éléments de réponse...
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