Après avoir mené la révolte contre Saturne, mon père Jupiter et ses deux frères se partagèrent l'Univers. Mon oncle Neptune reçut l'Empire des Mers, Pluton les Enfers et mon père se réserva l'Olympe, occupant de ce fait le Palais des Dieux.
Une fois installé sur son trône, il décida de prendre une épouse, et son choix se porta sur Junon : elle accepta et devint la femme du maître de l'Olympe. Je naquis ainsi de leur union et fut appelé Vulcain. Il est à remarquer qu'avec mon frère Mars, nous fûmes les deux seuls enfants légitimes de Jupiter et Junon, nos autres demis frères et sœurs Minerve, Apollon, Diane, Mercure et Bacchus étant tous issus d'unions illégitimes de notre père.
Les chroniques de l'époque disent que j'étais un enfant sain, solide et vigoureux. Cependant j'avais un énorme défaut : contrairement aux habitudes de l'Olympe, j'étais laid, affreusement laid. Mes parents eurent honte de cette tare contraire aux normes de l'esthétique, ils décidèrent que je ne pouvais pas rester dans ce lieu et de me chasser du ciel.
Ils me jetèrent hors de l'Olympe, je tourbillonnai une journée entière dans le ciel pour tomber, à l'heure du coucher de Phébus, sur une petite ile de la mer Egée, Lemnos au large de Troie. Je tombai mal et en touchant le sol me cassai une jambe. Heureusement, de braves femmes habitaient là, elles me recueillirent et me soignèrent, mais ne purent me guérir tout-à-fait et ainsi je restai définitivement boiteux.
Je compensais ce défaut physique par mon intelligence et mon sens artistique. Ayant rencontré un nain forgeron, il m'apprit son métier. Je commençais par fabriquer des colliers, des bijoux, des bracelets : je les offrai en guise de remerciements aux femmes qui m'avaient recueilli et soigné. Je fis de rapides progrès et aimant faire des cadeaux, j'entrepris de fabriquer des articles de qualité que j'offrais aux membres de ma famille et à leurs amis : des flèches pour Apollon et sa sœur Diane, un sceptre en or pour mon père, une faucille pour Cérès ainsi que des armures pour Hercule et Achille. J'entrepris même la construction en série de fauteuils magiques que j'offris à chacun des Dieux, leur permettant ainsi de se rendre par eux-mêmes à leurs assemblées.
Toutes mes actions vinrent logiquement aux oreilles de Jupiter qui se prit à regretter son geste de rejet lors de ma naissance. Il décida d me nommer Dieu du Feu et Maitre des Cyclopes. Après cette nomination, je pouvais enfin revenir dans l'Olympe parmi les miens. Mais lors de mon retour, ils me firent un accueil ironique, même ma mère me reçut avec un air moqueur. Je remerciai mon père de ma nomination et me jetant à ses pieds, je lui demandai l'honneur d'avoir une épouse. Il refusa, prétextant que toutes les déesses étaient déjà mariées.
Bien déçu, je retournai dans mon domaine. Après avoir réfléchi, il me vint une idée et je me mis au travail. Je fabriquai un trône extraordinaire orné de parures magnifiques, et revenu dans l'Olympe, je l'offris à ma mère Junon et retournai chez moi. Junon s'installa sur le trône mais ne put s'en relever, immobilisée par une nuée de fils invisibles ! Elle appela du secours, tous les Dieux accoururent pour la délivrer, mais sans succès. Junon décida de me faire chercher, j'arrivai dans une Olympe bouleversée mais posai mes conditions : je délivrerai ma mère que si j'obtenai la promesse de mon mariage avec une déesse, mais pas n'importe laquelle, la plus belle Vénus. Ma demande fut acceptée et je délivrai ma mère.
En devenant ma femme, Vénus devenait aussi reine du Feu et des Cyclopes, je l'emmenai dans mon royaume. Il faut dire que mon métier avait considérablement progressé, la qualité de mon travail faisait que je recevais des commandes de tous côtés, des Dieux, des demis-Dieux et même des mortels. Mon installation de l'île de Lemnos étant devenue insuffisante, et devant passer du stade artisanal au stade industriel, je pris possession des cavernes de l'Etna, utilisant le cratère du volcan en guise de forge. Je fis appel à des ouvriers spécialisés, une centaine de cyclopes dont le plus célèbre était Polyphème. Ces travailleurs infatigables n'avaient pas, certes , un physique très agréable : d'une taille colossale, avec un corps velu, une barbe hirsute, une chevelure broussailleuse, avec un seul œil au milieu du front caché par d'épais sourcils.
La charmante Vénus, frêle et délicate, ne put supporter cette vie souterraine parmi les brasiers , avec le bruit des forges, des marteaux sur les enclumes et de tels ouvriers...
Elle me trompa avec Mars, mais Apollon jaloux m'en prévint : je tressai alors un immense filet pour capturer les deux amants et conviai tous les Dieux au spectacle. Mais ils moquèrent de moi et furieux je retournai dans mon domaine. De sa rencontre avec Mars, Vénus eut un fils Cupidon et elle me quitta pour se réfugier à Chypre.
J'eus également des démêlés avec Apollon, mon oncle Pluton s'étant plaint des succès médicaux du fils d'Apollon, Esculape, à Jupiter ; ce dernier se servit alors de ma foudre pour frapper et détruire Esculape. Apollon pour se venger prit l'arc et les flèches dont je lui avais fait cadeau pour exterminer mes Cyclopes. Et il fut exilé hors du ciel par Jupiter.
J'étais connu dans tout le monde antique, notamment en Grèce sous le nom d'Héphaïstos, on m' a surnommé aussi le diable boiteux et encore de nos jours j'en porte le nom et les stigmates...
(ce texte a été rédigé à l'ancienne, sans aucun appel à Internet)
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Bravo pour faire revivre ce mythe. Il faut dire aussi que les relations familiales des dieux de l'Olympe sont très complexes et que pour s'y retrouver c'est pas toujours facile !
Les contes, légendes, mythes devraient être inscrits au patrimoine immatériel de l'humanité... Je pense que c'est à travers leur élaboration que la pensée humaine c'est construite et développée, le langage, les cultures...
Je me souviens d'un conte que j'aime raconter : frère mensonge et frère vérité, en me renseignant sur ce conte et ces multiples versions, il y a des traces écrites au XVIIIe siècle avant JC. C'est impressionnant de savoir que lorsque l'on raconte certains contes très classiques ou des mythologies on fait partie de cette longue chaine humaine internationale qui a transmis ce conte, ce mythe, cette légende... Il y a d'ailleurs une certaine tradition chez les conteurs classiques (ne transformant pas le conte en spectacle de comédien) d'allumer une bougie au début de la séance, en signe de cette lumière transmise de génération en génération !
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