Sentience des Animaux :
des chiens altruistes et des pieuvres en colère


À chaque nouvelle étude, la sentience animale se révèle plus évidente que jamais. Dans ces conditions, l’homme peut-il continuer à se mentir sur la réalité de la conscience animale ? Pour One Voice, il est temps de changer notre regard et nos comportements.

Sentience

Le terme est encore peu connu ou mal interprété. Lorsqu’on évoque la sentience animale, il fait rire ou, au mieux, interloque. Pourtant, ce néologisme emprunté à l’anglais définit une réalité démontrée par nombre d’études et de travaux scientifiques à travers le monde : les animaux ont la capacité de percevoir et de ressentir des émotions et, par conséquent, ils ont des désirs, des buts, une volonté qui leur sont propres.

Ce sont des êtres « sentients ». Ils sont capables de sentir, de penser et d’avoir une vie subjective. Et ce, qu’ils soient vertébrés ou pas.

Des êtres intelligents et conscients

À cet égard, le chien, sans doute l’animal le plus proche de l’homme, est une source riche d’enseignements. De nombreuses études montrent que le canidé domestique fait preuve non seulement d’intelligence mais qu’il est aussi un être sensible.

Certains propriétaires s’exclament, en parlant de leur chien, « Il ne lui manque plus que la parole !». Mais ils l’ont. Des études ont démontré que le chien a développé une gamme d’aboiements pour exprimer différentes situations ou sensations. Il est aussi capable d’apprendre et de retenir du vocabulaire. Dans une émission allemande, on avait pu voir un border collie se souvenir du nom de 200 jouets. Ce qui a été confirmé par la suite scientifiquement, notamment par la spécialiste des sciences cognitives, Juliane Kaminski.

Plus surprenant encore, l’équipe de chercheurs de Range a constaté que les chiens étaient capables « d’imitation sélective d’un comportement en fonction de la situation ». Autrement dit, ils peuvent, comme l’explique Brian Hare, de l’institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig, « penser à votre intention : ils peuvent rechercher une explication de votre conduite et se livrer à des déductions sur ce que vous devez être en train de penser. »

Des animaux moins domestiqués, comme les souris ou les rats, font eux aussi preuve de compréhension à l’égal des humains ou de certains primates. Des travaux réalisés sur les criquets, les limaces et les escargots ont montré que ces animaux établissaient des priorités et faisaient des choix. En Australie, des chercheurs ont découvert que les abeilles étaient capables de « compter » en remarquant un nombre de points et en se les remémorant. Selon l’éthologue Theresa Burt de Perera, du Kable College d’Oxford, « les poissons sont capables d’apprendre et de se souvenir, ils possèdent un ensemble de capacités cognitives qui surprendrait beaucoup de monde. »

poissons rouges (photo 1)

Une vie émotionnelle propre

Ce que confirme aussi de plus en plus la science, c’est qu’un grand nombre d’espèces animales ont leur propre type de vie émotionnelle. Ils ressentent joie, colère, stress et, plus étonnant, nombre d’animaux ont le sens de l’équité et agissent en faisant preuve d’altruisme. Là encore, le « meilleur ami de l’homme » en donne un exemple éloquent : dans le cadre d’une expérience au cours de laquelle deux chiens devaient donner la patte et recevaient en échange une récompense, si un seul des chiens était récompensé, le chien lésé se détournait du jeu et de son dresseur pour lui manifester son dégoût.

Les souris ont démontré, quant à elles, leur propension à l’empathie : au cours d’une expérience où des souris étaient alimentées alors qu’au même moment d’autres souris recevaient un choc électrique, les souris ont arrêté de s’alimenter pour préserver leurs congénères moins bien loties. Le rat aime jouer et il est même chatouilleux. Ces moments de plaisir il les recherche auprès d’autres rats. Tout comme le cheval qui a un véritable besoin de communiquer avec ses semblables. Des contacts sociaux qui, selon Christine Nicol de l’université de Bristol, « le rend plus calme et plus intelligent. ».

Les mollusques et les crustacés aussi

Si une vaste majorité des animaux sensibles sont des vertébrés, la science a démontré que des mollusques céphalopodes, comme le poulpe, présentent « un potentiel de douleur et de souffrance ». Tout comme la capacité de se mettre en colère.

Suite à une série de pannes, les responsables de l’aquarium Sea Star de Coburg, en Allemagne, ont découvert qu’un poulpe grimpait la nuit sur le bord de son aquarium pour asperger d’un jet d’eau un spot dont la lumière devait le gêner. A l’aquarium de Seattle, ce sont des pieuvres qui expriment leur mécontentement. Lors du nettoyage de l’aquarium, elles virent au rouge vif et essayent d’attraper les objets de nettoyage. Une biologiste a même remarqué qu’une pieuvre s’en prenait à elle et l’aspergeait à chaque fois que la jeune femme venait vérifier le débit d’eau à l’aide d’une torche, ce qui devait la déranger.

Les chercheurs du Département de Neurobiologie de l’Université hébraïque de Jérusalem ont mis en évidence chez les poulpes « des similitudes frappantes avec le cerveau des vertébrés ». Au Royaume-Uni, le poulpe bénéficie d’ailleurs d’une protection légale qui le met à l’abri d’expériences intempestives.

De récents travaux des chercheurs de la Queen’s University (Irlande du Nord), attestent quant à eux de la souffrance des crustacés : après un choc électrique, des pagures préfèrent changer de coquille et présentent un comportement de stress, se manifestant notamment par une friction de l’abdomen à l’image d’un humain qui vient de se brûler au doigt et le met dans sa bouche pour calmer la douleur.

portrait d'un poulpe (photo 1)

Changer le monde

À la lumière de toutes ces recherches et découvertes, l’être humain ne peut plus ignorer que des milliers d’espèces ont une vie émotionnelle, souffrent et éprouvent de la joie et du plaisir.

Une étude récente du Docteur Eleanor Boyle conclut même que « tous les animaux vertébrés devraient être considérés comme sentients et certains invertébrés aussi… » L’être humain peut-il alors continuer à maltraiter les animaux dans des élevages inadaptés, à les faire souffrir dans les laboratoires, à les exploiter pour le seul bénéfice de l’espèce humaine ?

Le chemin de la prise en compte de la sensibilité animale est long et semé d’embûches. Ses détracteurs, y compris parmi les scientifiques et les philosophes, sont aujourd’hui encore nombreux.

En relayant les résultats des recherches en matière de sentience, en vulgarisant les connaissances acquises dans ce domaine, nous pouvons changer le regard des hommes sur les animaux. En adoptant un comportement respectueux envers les autres espèces, l’espèce humaine peut créer les conditions d’une paix réunissant tous ceux qui partagent avec elle la planète bleue.

source : http://www.one-voice.fr/sentience/sentience-des-animaux-des-chiens-...

 

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