Pour changer la société, les monnaies complémentaires

Dans cet enregistrement audio, l'économiste Bernard Lietaer, ancien directeur de la Banque Centrale de Belgique, cheville ouvrière du mécanisme de stabilisation de l'ancien Ecu européen, esquisse une composante fondamentale de la civilisation qui remplacera notre système en phase terminale: la monnaie complémentaire.

L'argent, avec sa création par la dette et son mécanisme de prêt contre intérêt, Bernard Lietaer le compare au système d'exploitation d'un ordinateur. Le système d’exploitation est le logiciel coordinateur qui permet à un pc ou un smartphone de fonctionner. De manière analogue, la monnaie est cet intermédiaire qui réside au coeur de toutes les activités humaines, partout dans le monde. Selon une métaphore de Bernard Lietaer, elle est aussi omniprésente pour l'homme moderne - et "inconsciente" - que l'eau pour le poisson. L’économiste explique comment le mécanisme du taux d'intérêt, et son corollaire l'actualisation, est à l’origine de la préférence pour le court terme (le court-termisme dénoncé par les écologistes) qui empêche nos sociétés d'empoigner à bras le corps les problèmes qui les conduisent dans le mur.

Bernard Lietaer propose de complémenter le système des monnaies en vigueur par des monnaies circonscrites géographiquement et dont le fonctionnement induit naturellement chez les agents économiques et les particuliers des comportements non plus compétitifs, mais collaboratifs. Le mécanisme est le suivant: l'Etat prélève ses taxes non sous forme de monnaie ordinaire, mais en monnaie alternative. Cette monnaie alternative se gagne en fournissant des services à la collectivité ou en contribuant d'une manière ou d'une autre à l'atteinte de ses objectifs de long terme, écologiques ou sociétaux. La monnaie complémentaire est associée à un intérêt négatif, ce qui lui fait perdre sa valeur avec le temps, promouvant ainsi sa circulation et non sa capitalisation, Le mécanisme d'actualisation s’en trouve inversé, ce qui évite que des dépenses importantes se produisant dans un futur éloigné - tels le coût de la maîtrise des  déchets nucléaires ou celui du réchauffement climatique - soient artificiellement minimisées dans les calculs financiers de rentabilité d'investissement.

La véritable richesse d'un pays, d'une ville, n'est pas constituée de capital monétaire, mais de biens tangibles qui concourent au bien-être des citoyens ainsi que de rapports sociaux harmonieux. Une société est un écosystème dont la valeur provient de l'équilibre et de la qualité des relations qui se développent entre ses composantes. Bernard Lietaer frappe fort en affirmant que les pays sous-développés du XXIe siècle seront ceux qui n'auront pas mis en place des systèmes de monnaie complémentaire, en coexistence avec le système monétaire classique. Des études montrent en effet la très forte capacité à créer de la richesse de ces initiatives de monnaie alternative. Une nouvelle conception à suivre de très près, donc !...

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