Les plus belles et les meilleures citations de Nikos Kazantzakis, mon écrivain préféré et mon amour grec! J'en raffolle!

Le papillon grec...

'Je me souvins d'un matin où j'avais découvert un cocon dans l'écorce d'un arbre, au moment où le papillon brisait l'enveloppe et se préparait à sortir. J'attendis un long moment, mais il tardait beaucoup, et moi j'étais pressé. Énervé je me penchai et me mis à le réchauffer de mon haleine. Je le réchauffais, impatient, et le miracle commença à se derouler devant moi, à un rythme plus rapide que nature. L'enveloppe s'ouvrit, le papillon sortit en se traînant, et je n'oublierai jamais l'horreur que j'éprouvai alors: ses ailes n'étaient pas encore écloses et de tout son petit corps tremblant il s'efforçait de les déplier. Penché au-dessus de lui, je l'aidais de mon haleine. En vain. Une patiente maturation était nécessaire et le déroulement des ailes devait se faire lentement au soleil, maintenant il était trop tard. Mon souffle avait contraint le papillon à se montrer, tout froissé, avant terme. Il s'agita, désespéré, et, quelques secondes après, mourut dans la paume de ma main. Ce petit cadavre , je crois que c'est le plus grand poids que j'aie sur la conscience. Car, je le comprends bien aujourd'hui, c'est un péché mortel que de forcer le grandes lois. [...] (Il faut) suivre avec confiance le rythme éternel. [...] Ah, si ce petit papillon pouvait voltiger toujours devant moi et me montrer le chemin!' (Kikos Kazantzakis, Alexis Zorba)

Le dernier homme - Bouddha!!!

'Le dernier homme - qui s'est délivré de toute croyance et de toute illusion, qui n'attend plus rien, ne craint plus rien - voit l'argile dont il est fait, reduite en esprit, et l'esprit n'a plus rien où jeter ses racVersnes pour sucer et se nourrir. Le dernier homme s'est vidé; plus de semence, plus d'excréments, ni de sang. Toutes choses sont devenues mots, tous les mots jongleries musicales. Le dernier homme va encore plus loin: il s'assied au bout de sa solitude et décompose la musique en muettes équations mathématiques. [...] C'est Bouddha qui est le dernier homme! m'écriai-je. Là est son sens secret et terrible. Bouddha est l'âme pure>>qui s'est vidée; en lui, c'est le néant, il est le Néant [...]' (Op. cit.)

L'homme est un petit vers sur la petite feuille d'un arbre gigantesque...

'- Nous sommes de petits vers, Zorba, de tout, tout petit vers sur la petite feuille d'un arbre gigantesque. Cette petite feuille est notre Terre. Les autres feuilles sont les étoiles que tu vois se mouvoir dans la nuit. Nous cheminons sur notre petite feuille en l'examinant anxieusement. Nous la humons, elle sent bon ou mauvais. Nous la goûtons, elle est comestible. Nous tapons dessus, elle résonne et crie comme un être vivant. Quelques hommes, les plus intrépides, arrivent jusqu'au bout de la feuille. De là, nous nous penchons, les yeux grands ouverts, les oreilles tendues, vers le vide. Nous frémissons. Nous devinons au-dessous de nous l'effrayant precipice, nous entendons de loin en loin le bruissement des autres feuilles de l'arbre gigantesque, nous sentons la sève monter des racines de l'arbre et notre coeur se gonfler. Ainsi penchés sur l'abîme, de tout notre corps, de toute notre âme, nous frissonnons de terreur. À partir de ce moment commence...' ( la poésie, le grand danger) (Op.cit.) 

'Ecoute-moi, mon enfant : le bon Dieu, tu vois, ni les sept étages du ciel ni les sept étages de la terre ne peuvent le contenir. Mais le coeur de l'homme le contient. Alors, prends garde, Alexis, de ne jamais blesser le coeur de l'homme!...' (Op. cit..)

'Moi, ou bien je serais devenu un ascète, ou bien j'aurais paré les hommes de fausses plumes pour pouvoir les supporter.' (Op. cit.)

'Que disent les Japonais que tu aimes tant? 'FOUDOSHIN!' Placidité, quiétude, le visage un masque souriant et immobile. Ce qui se passe derrière le masque, ça, c'est notre affaire.' (Op. cit.)

(concernant la religion, la Résurrection, certaines fêtes et surtout les vives émotions vécues dans l'église:) 'je me réjouissais de voir ressusciter l'enfant qui subsistait en moi [...]; la religion s'était degradée en moi: elle était devenue art.' (Op. cit.)

'tous hommes, animaux, plantes, astres, nous ne faisons qu'un, nous ne sommes qu'une même substance qui mène le même terrible combat. Quel combat? transformer la matière en esprit.' (Op. cit.)

'quel est donc ce mystère atroce, la vie? Les hommes se rencontrent et se séparent comme les feuilles que chasse le vent; en vain, le regard s'efforce de retenir le visage, le corps, les gestes de l'être aimé [...]. -Elle devrait être de bronze, elle devrait être d'acier, l'âme humaine, criai-je en moi-même, et non de vent!' (Op. cit.)

'toute idée qui possède une véritable influence possède aussi une véritable existence. Elle est là.'('Le verbe s'est fait chair...') (Op. cit.)

'L'âme humaine, embourbée dans la chair, est encore à l'état brut, imparfaite.'(Op. cit.)

'Depuis deux ans, dans les tréfonds de moi-même, frémissait un grand désir, une semence: Bouddha. Je le sentais à tout moment dans mes entrailles me dévorer et mûrir. Il grandissait, s'agitait, commençait à donner dans ma poitrine des coups de pied pour sortir. Maintenant je n'avais plus le courage de le rejeter. Je ne le pouvais pas. Il était déjà trop tard pour un pareil avortement spirituel.' (Op. cit.)

'La seule façon de te sauver toi-même c'est de lutter pour sauver les autres.' (Op. cit.)

'Se séparer lentement des être aimés, quelle amertume! Mieux vaut trancher dans le vif, et retrouver la solitude, climat naturel de l'homme.' (Op. cit.)

'C'est ça la liberté, pensai-je. Avoir une passion, entasser les pièces d'or et, brusquement, vaincre sa passion et jeter son trésor aux quatre vents. Se liberer d'une passion pour obéir à une autre, plus noble. Mais cela n'est-ce pas aussi une forme d'esclavage? Se sacrifier pour une idée, pour sa race, pour Dieu?'(Op. cit.)

'Comment une fleur germe-t-elle et pousse-t-elle sur le fumier et les ordures.'(Op. cit.)

'Les visages changent, s'effritent, retournent à la terre; mais d'autres en sortent qui les remplacent. Il n'y a qu'un seul danseur aux masques innombrables, immortel et qui a toujours vingt ans.' (Op. cit.)

'Je crèverai, je deviendrai une carcasse puante, j'empesterai les gens et ils seront obligés de m'enfouir à quatre pieds sous terre pour ne pas souffoquer.'
'On est tous frères. Tous de la viande pour les vers!' (Op. cit.)

'En vérité, l'homme est plein de vers dès sa naissance, mais on ne les voit pas. Quand ils s'aperçoivent qu'on commence à puer, ils sortent de leurs trous - tout blancs, tout blancs comme ceux de fromage.' (Op. cit.)

 

 'Dieu se bâtit; j'ai posé à mon tour mon petit caillou rouge, une goutte de sang, pour l'affermir et l'empêcher de périr, pour qu'il m'affermisse et m'empêche de périr; j'ai fait mon devoir.'

'Je rassemble mes outils : la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat, le toucher, l'esprit. Le soir est tombé, la journée de travail s'achève, je retourne chez moi comme la taupe dans la terre. Non que je sois las de travailler, je ne suis pas las, mais le soleil se couche.
Le soleil s'est couché, les montagnes se sont estompées, les chaînes de montagnes de mon esprit conservent encore un peu de lumière à leur sommet, mais la sainte nuit s'étend; elle monte de la terre, descend du ciel et la lumière a juré de ne pas se rendre. Mais elle le sait, il n'y a pas de salut: elle ne se rendra pas, elle s'éteindra.
Je jette un dernier regard autour de moi : à qui dire adieu, à quoi? Aux montagnes, à la mer? A la treille vendangée, à la vertu? Au péché, à l'eau fraîche? Cela ne sert à rien, à rien: toutes ces choses descendent avec moi dans la terre.
A qui confier mes joies et mes peines, les secrètes passions donquichottesques de ma jeunesse, l'âpre heurt plus tard avec Dieu et les hommes, et enfin l'orgueil sauvage de la vieillesse qui brûle mais se refuse, jusqu'à la mort, à devenir cendre? A qui dirai-je combien de fois, escaladant, des pieds et des mains, la pente abrupte de Dieu, j'ai glissé et je suis tombé, combien de fois je me suis relevé, couvert de sang, pour recommencer à grimper? Où trouver une âme percée de mille coups mais insoumise, comme la mienne, pour me confesser à elle?
Je serre calmement, avec compassion, une motte de terre crétoise dans ma main. Je la conservais toujours avec moi à travers toutes mes courses errantes, et dans les grandes angoisses je la serrais dans ma main et ma main prenait force,une grande force, comme si je serrais la main d'un ami bien-aimé. Mais à présent que le soleil s'est couché et que la journée de travail s'est achevée, qu'ai-je à faire de la force? Je n'en ai plus besoin. Je tiens cette terre de Crète et je la serre avec une douceur, une tendresse et une reconnaissance inexprimables;c'est comme si je serrais dans mes mains, pour en prendre congé, la gorge d'une femme bien-aimée. Voilà ce que j'ai été éternellement, voilà ce qu'éternellement je serai, l'instant est passé comme un éclair où tu as, été mise sur le tour, terre sauvage de Crète, et où tu es devenue un homme combattant.
Quelle lutte, quelle angoisse, quelle poursuite du fauve invisible mangeur d'hommes, quelles forces dangereuses, célestes et sataniques, détient cette poignée de terre! Pétrie avec du sang,de la sueur et des larmes, elle est devenue de la boue, elle est devenue un homme, elle a pris le chemin montant pour arriver - pour arriver où ? Cet homme escaladait en haletant la masse ténébreuse de Dieu, tendait les mains, cherchait, cherchait et s'efforçait de trouver son visage.Et quand, les toutes dernières années, désespéré, il a senti que cette masse ténébreuse n'avait pas de visage, quelle lutte nouvelle, toute d'imprudence et de terreur, pour sculpter le sommet brut et pour lui donner un visage - son visage!
Mais à présent la journée de travail s'est achevée, je ramasse mes outils. Que d'autres poignées de terre viennent pour continuer la lutte. Nous sommes, nous autres mortels, l'armée des immortels, notre sang a la couleur du corail rouge et nous bâtissons au-dessus de l'abîme une île.
Dieu se bâtit; j'ai posé à mon tour mon petit caillou rouge, une goutte de sang, pour l'affermir et l'empêcher de périr, pour qu'il m'affermisse et m'empêche de périr; j'ai fait mon devoir.
Adieu!' (Nikos Kazantzakis, Lettre au Greco)

'Tout homme digne d'être appelé fils de l'homme charge sa croix sur ses épaules et monte à son Golgotha.'

'Tu trouveras donc, lecteur, dans ces pages, la ligne rouge faite des gouttes de mon sang qui jalonne mon chemin parmi les hommes, les passions et les idées. Tout homme digne d'être appelé fils de l'homme charge sa croix sur ses épaules et monte à son Golgotha. Beaucoup, les plus nombreux, atteignent le premier, le second, le troisième degré, halètent, s’affaissent au milieu de leur marche et n'arrivent pas au sommet du Golgotha - je veux dire au sommet de leur devoir : être crucifiés, ressusciter, sauver leurs âmes. Ils défaillent, la croix leur fait peur, ils ne savent pas que la crucifixion est l'unique chemin de la résurrection, il n'y en a pas d'autre.
Il y a eu quatre degrés décisifs dans mon ascension, et chacun d'eux porte un nom sacré : le Christ, Bouddha, Lénine, Ulysse. Cette marche sanglante de l'une à l'autre de ces grandes âmes, à présent que le soleil se couche, j'essaie de la tracer sur ce carnet de route : comment un homme gravit, exténué, la montagne abrupte de sa destinée. Mon âme tout entière est un cri et mon œuvre tout entière est l'interprétation de ce cri.
Toujours, pendant toute ma vie, un mot n'a cessé de me tyranniser et de me cingler : le mot Montée. C'est cette montée que je voudrais dépeindre ici, en mêlant l'imagination et la vérité. Et aussi les traces rouges qu'a laissées mon ascension. Et je me hâte, avant de porter le « casque noir » et de descendre dans la poussière, car cette ligne sanglante sera la seule trace que laissera mon passage sur terre : ce que j'ai écrit, ce que j'ai fait,s'est inscrit et gravé sur l'eau, et a disparu.
Je crie à la mémoire de se souvenir, je rassemble ma vie dispersée dans le vent, debout comme un soldat devant le général, je fais mon Rapport au Greco; parce qu'il est pétri de la même terre crétoise que moi et que, mieux que tous les lutteurs qui vivent ou ont vécu, il peut me comprendre. N'a-t-il pas laisé lui aussi la même trace rouge sur les pierres?' (Nikos Kazantzakis, Lettre au Greco)

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